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décemment, et qu'il lui fût donné les moyens d'en-
tretenir la propreté sur sa personne. Ces mesures
n'augmenteront pas d'une façon notable le bien-
être dés détenus, elles contrarieront même l'incurie
et la paresse de quelques-uns ; mais elles les relève-
ront à leurs yeux; ils oublieront moins qu'ils sont
hommes, quand on aura cessé de les traiter comme
s'ils ne l'étaient plus. Couvrir son semblable de mé-
pris , c'est le moyen le plus sûr de l'en rendre digne ;
là où l'on paraît croire l'honneur perdu, la vertu est
un luxe inutile.
   L'agglomération des détenus est le second et le plus
redoutable des agents de corruption. Ce système fu-
neste a produit à lui tout seul vingt fois plus de crimes
qu'il n'en a prévenus. Cet homme n'était qu'égaré
quand il est entré en prison, il en est sorti voleur et
assassin.
   Nos prisons sont les écoles normales du crime, c'est
là qu'il se professe et se perfectionne ; c'est là que se
forment les maîtres qui vont ensuite recruter dans la
société, les nombreux élèves qu'ils enrôlent sous leur
impure bannière.
   Nous isolons avec soin dans nos lazarets les malheu-
reux atteints de la peste, et nous réunissons dans nos
prisons toutes les corruptions morales! La vie physique
est donc tout à nos yeux! Mais ouvrons l'histoire , et
nous verrons que c'est la peste morale qui tue les em-
pires. Nous ne comprenons donc pas que nous sommes
responsables des crimes que commettent les malheu-
 reux que nous avons placés dans les conditions d'un