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295 Que ceux qui trouveraient ces réflexions empreintes d'un philanthropisme exagéré, veuillent bien lire tous les publicistes qui se sont occupés des prisons, et no- tamment Howard , Necker, MM. de Beaumont, Lucas et quelques autres, et ils me trouveront bien froid peut- être auprès d'eux. I>es exceptions au régime général ont été faites en faveur des prévenus; on y applaudira sans doute. Les prévenus sont réputés innocents jusqu'à juge- ment établissant le contraire. Us ont donc droit à tous les ménagements compatibles avec la sûreté de la prison. Si on n'en est pas encore arrivé à indem- niser les prévenus reconnus innocents, ce qui serait cependant souverainement équitable, qu'au moins la société ne se ménage pas le regret ni le tort d'avoir aggravé son erreur, par un traitement que rien ne ren- dait nécessaire. Quant aux condamnés, la prison n^est autre chose pour eux que la privation de la liberté, avec la sou- mission aux règles de discipline, indispensables pour le maintien de l'ordre. Toute souffrance qui ne serait pas la conséquence nécessaire de cette privation, se- rait une aggravation de peine qu'il n'est permis à per- sonne d'infliger. La conséquence de ce principe, c'est que la société doit subvenir à tous les besoins vérita- bles des prisonniers. On ne doit leur laisser souffrir depuis que la surveillance et le service intérieur des prisons ont été confiés à des [frères et à des sœurs voués à cette œuvre dont ils s'acquitlent avec un zèle et un esprit d'abnégation que le sentiment religieux est seul capable d'inspirer,"