Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                                          156
                                     Z.A      GRIPPE A 1YON.
    C'est là uu fait assez important pour ne pas le laisser passer sans le consi-
gner dans nos archives. Le mois de janvier 1S37 a été témoin d'une épidémie
catarrhale qui a frappé les trois quarts à peu près de notre population. Tous nos
journaux , grands et petits, sont devenus un instant des journaux, de méde-
cine. Notre premier théâtre a compté quaranle-six malades dans son person-
nel, et pendant une semaine il a été fermé au public. Nos rues étaient dé-
sertes à huit heures comme d'ordinaire elles le sont à dix ; nos tribunaux ont
suspendu le cours de leurs fonctions. La médecine et la pharmacie se sont
 emparés des habitants et de leurs écus. L'homéopathie , toujours infaillible, a
 offert son traitement. M. de Guidi a fait une brochure. En attendant, la toux
 a régné en maltresse , et la mortalité a triplé. Nous avons , à cette occasion ,
 demandé au passé les différentes invasions de la grippe (1). Ce fut en 1745
     ( i ) Voici le tableau chronologique du catarrhe épidémique connu sous le nom d'iNFLUENZA
 ( g r i p p e ) . Bien que depuis 200 ans on trouve cette affection comme une maladie NOUVELLE ,
de nombreuses autorités proclament que depuis long temps c'est u n mal épidémique. Les ren-
seignements suivants vont les appuyer. On les doit k M. J. M. Gully, docteur médecin } gui
 les a communiqués au CONSTITUTIONNEL.
     «Avantle 14* siècle, on ne trouve aucun symptôme de catarrhes épidémiques , et en s'ariê-
 tant à la moitié du i&* siècle, on ne trouve que bien peu de descriptions des symptômes de
 cette épidémie dans les écrivains contemporains. Il suffira pour la chronologie d'indiquer les
 dates de la première période. Voici les dates des invasions les plus développées de l'épidémie.
     i4* SIÈCLE. — L'épidémie parut en Italie en i323 , i3a7 et i358 et en France en 1387. Elle
 se montrait alors funeste aux vieillards.
      15 e S I È C L E . — E n France, elle régna en i4o3, i 4 r o , i 4 r i t 1 4 3 7 , i 4 8 a } et en Italie en i 4 i 8 .
 L'épidémie de 14* 1 fut attribuée par les gens superstitieux à la punition céleste d u n e chanson
 de l'époque très-obscène. Ceux qui guérissaient s'entendaient par dire leurs a m i s : « O h !
 par ma foi, tu as chanté la chanson, )i Jusques-là il n'est encore question de cette épidémie
 qu'en France et en Italie, les deux seuls pays en Europe qui peuvent se vanter d'avoir eu alors
 des médecins qui consignassent leurs observations par écrit.
      16" SIÈCLE, — E n i5o5 et I 5 I O , la grippe a parcouru l'Italie , la France et l'Espagne ; elle
 causa la mort d'Anne , femme de Philippe I e r , et compromit les jours du pape Grégoire XIII,
 L'épidémie fit le tour de l'Europe dans les années i 5 5 y , i55g , 1574 , 1&80 ; si l'on en croit
 Sennest, elle s'étendit même à une grande partie de l'Asie. Elle ne fut pas généralement funeste,
 si ce n'est en Italie où l'on fit fréquemment usage delà saignée. A Rome seulement, 9,000 per-
 sonnes succombèrent. Vilalha prétend que la grippe dépeupla pïesque entièrement Madrid. Elle
 se répandit à Barcelonne avec une telle rapidité, qu'en l'espace de r2 jours, 20^000 personnes
 furent atteintes. E n 1590 , i5gi , on la voit en F r a n c e , en Allemagne , en Italie , s'attaquant
 surtout aux hommes , depuis le mois d'août 1590 jusqu'au mois d'août de l'année suivante , plus
 de 60,000 personnes furent victimes à Rome.
      tf* SIÈCLE. — Eu i638 la maladie se montra à Londres. Willis en a fait «ne savante des-
 cription ; elle fut surtout fatale aux vieillards. E n 1663 e)le sévît dans les états de Venise où
 dans l'espace d'une semaine on vit plus de 6,000 personnes atteintes. E n 1669 et 1675 , la
 grippe se répandit en Allemagne et en France : en 1676 en Allemagne et en Angleterre. Syden-
 ham qui en fait la description parle de familles entières attaquées subitement. E n 1679 , irrup-
 tion en Angleterre ; en 1691 elle est en Hongrie, dans la Carniole , la Styrie , la Carinthie , le
 Tyrol , la Suisse et sur les bords du Rhin. E n 1696, elle fit des ravages à Paris et à Rome.
 Dans cette dernière ville elle enleva une foule d'enfants.
      18' SIÈCLE. — E n 1709 , la grippe parcourt la Russie, la France et l'Italie. E n 1719 , elle est
 e n Russie , en Pologne , en Allemagne , en Suède , en Danemarck , en France , en Angleterre ,
 en Italie , en Espagne, Jamais encore la maladie n'avait été aussi générale que cette année. La
 grippe commença en janvier lorsque le dégel avait remplacé la glace. Elle fut bénigne en Suisse;
 wiais à Londres , à Paris , en Espagne, en Italie , ses ravages furent grands Î en huit jours,
 pendant le mois de novembre } 908 personnes furent enlevées à Londres. L'épidémie de 1733-
  1734 n e futpas moins répandue. Voici sa marche vers la mi-novembre xj3z ; elle s'étaitmon-
 trée en Saxe et en Pologne, de là elle passa en Allemagne , en Suisse , en Hollande. E n décem-
 bre , déjà elle était en Angleterre.
     Au commencement de janvier 1753 , elle avait envahi la Flandre ; à la mi-janvier elle étail
^ i n s Paris. Dans les derniers jours du mois , elle avait atteint l'Irlande ; c» février elle était ea