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devenus héréditaires de fait sous Charles le Chauve, conte-
naient défense du souverain à ses officiers d'entrer dans le
territoire inféodé pour y exercer quelqu'acle d'autorité judi-
ciaire que ce fut, ou pour y exiger des émoluments de justice.
 De là l'origine des justices seigneuriales qui s'étendirent bien-
tôt au domaine temporel des églises et même aux grandes
propriétés dont les possesseurs aspirèrent aux mêmes immu-
nités (franchesias ) qu'ils obtinrent de la faveur ou de la fai-
blesse des rois pour leurs domaines matrimoniaux (allodia).
 Ces privilèges exemptaient ceux qui en étaient investis de la
juridiclion du Comte de la province, leur conféraient l'exercice
de la justice (merum imperium) dans leurs domaines et en
faisaient des seigneurs immédiats (dominos, senior es % sires)
qui ne reconnaissaient plus d'autre supériorité que celle du
souverain. Tels furent, dès le commencement du XIe siècle,
les sires de Beaujeu , de Roannais et de Lavieu en Lyonnais, de
 Bagé et de Coligny en Bresse.
    Dans Porigiue, la liberté seule constitua le droit politique
 et civil, puis ces droits dépendirent de la propriété combinée
 avec la liberté ,p£P8tmnelle ; mais bientôt la petite propriété
 se mil çoïMilionnellem'ent sous la protection de la grande ; elle
 prit en tenure les terres des grands possesseurs, des églises,
 des monastères. Le nombre des hommes véritablement li-
 bres (liberi hommes ; WEHRE en allemand), jouissant de la plé-
 nitude de leurs droits (optimo jure), qui au YIIIe et IXe siècles
 formaient, surtout dans la Bourgogne Jurane, la masse de
 la population active, était considérablement réduite au Xe ; les
 irruptions réitérées des Hungres avaient achevé de la ruiner. A
 côté de cette classe primitive s'en élevait rapidement une autre,
 qui bientôt l'eut totalement absorbée ; ce fut celle des vassaux
 (vassi, vassalli) soit détenteurs temporaires (in precaria),
  ou héréditaires et conditionnels des bénéfices -(bénéficia'), qui
  obligeaient le tenancier à la féaulé et au service de guerre
  (militiœ), ou simplement à quelque prestation, soit en nature,
   soit en argent ( censura).