Revue du Lyonnais » série 1 - n°5 ( 1837 ) » pp.079

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ver accouplés ensemble. Cette alliance, y a-t-il en effet si
long-temps qu'on l'aurait cru possible. L'art vient d'opérer
au milieu de nous une merveilleuse révolution, révolution
toute pacifique, toute au profit de l'intelligence. Pendant deux
mois notre Exposition de peinture a amené une foule sans
cesse renaissante devant les tableaux de nos artistes ; p e n -
dant deux mois, nos concitoyens, naguère» si exclusivement
livrés aux intérêts matériels , se sont émus au nom de l'art,
et l'ont soutenu et encouragé de leur souscription ou de leur
modeste offrande. C'est un grand p r o g r è s ! Le commerce et
l'industrie ont enfin compris que l'art ne devait plus être
traité par eux comme un é t r a n g e r , comme un Paria, mais
 comme un frère, comme un ami. Peu à peu l'amour des arts
passera des yeux au cœur ; il pénétrera dans les classes les
 moins fortunées de la société; les lots distribués par les chan-
 ces d e l à loterie iront le propager chez les plus heureux des
 souscripteurs.
   L'auteur des Lettres à un Parisien se récrie sur le sort des
tableaux tombés en d'ignorantes mains et perdus pour la
foule. Il aurait voulu que toutes les Å“uvres acquises appar-
tinssent à la cité et y restassent comme un utile enseigne-
ment. Certes, c'est là une noble i d é e , un noble b u t ; mais
efface-t-on tout-à-coup le caractère qui dislingue toute une
population? Si vous faites disparaître le mobile personnel qui
 la pousse dans tous ses actes, l'intérêt d'un gain quelconque,
 ne risquez-vous pas de ne plus être entendu ni compris. Il
 fallait donc un a p p â t , un attrait pour fonder une société
 comme celle des Amis des Arls. On n'arrive pas là sans tran-
 sition. M. Dupasquier a mieux envisagé la position des e s -
 prits et le terrain sur lequel on voulait construire. L'auteur
 des Lettres est plus tranchant dans sa parole, plus élevé dans
  ses vues; il voit l'art de plus haut. M. Dupasquier reste au
  milieu de nous et lâche de rallier le plus grand nombre à la
  cause qu'il défend; c'était le rôle qu'il convenait de prendre
  à cette heure.