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2 donnerons ici, par ordre de date, les plus forts débordements dont Lyon a été à la fois le théâtre et la victime. 580. La première inondation dont les historiens de Lyon nous aient gardé le souvenir fut terrible dans ses résultats. Elle fit de la plaine des Brotleaux un lac immense, où tout fut submergé. Le Rhône et la Saône, , qui se joi- gnaient alors au-dessous d'Ainay, se réunirent au-dessus de la ville, du côté de Saint-Nizier. Leurs eaux s'élevèrent de telle façon pardessus leurs anciens canaux, qu'elles renversèrent une partie des murailles de la cité et détrui- sirent un grand nombre d'édifices. La plupart des habitants de la plaine , craignant un nouveau déluge, se retirèrent avec leurs femmes, leurs en- fants et le plus précieux de leurs biens sur les collines de Saint-Just et de Saint-Sébastien pour y attendre la miséricorde de Dieu. Notre histoire nous fournira à ce sujet de lamentables détails. Paradin, Rubys, Poullin de Lu- mina, varient tous sur la date de ce mémorable événement, le premier le place en 592, le second en 595, et le troisième en 583. Grégoire de Tours, le seul auteur ancien qui ait parlé de cette inondation , dit formellement (1) qu'elle eut lieu la cinquième année du règne de Childebert II, c'est-à -dire l'an 5 8 0 , car on sait que ce prince monta sur le trône l'an 575. Nous de- vons la recherche de celte date à M. A. P . , notre obligeant bibliothécaire. Le P. Ménestrier (2), après avoir cité et traduit le passage de Grégoire de Tours, nous apprend qu'après cette inondation, à la grande surprise de tous, les arbres refleurirent au mois de septembre. M. Delandine (3) ajoute même que la ville resta plus de six mois sans reprendre sou aspect ordinaire et saiis être nettoyée. Robys (4), de son côté, nous dit que ce débordement épouvantable fut suivi d'une étrang; peste, de laquelle moururent plus de deux tiers deshabi-> tanls de la ville et du plat pays. Nous donnons ici la narration de Paradin (5), remarquable par la naïveté et le pittoresque de l'expression : Environ l'automne, commença une pluie si furieuse, si véhémente ( l ) Histoire des Francs , liv. V, chap. 33. (a) Histoire civile et consulaire de la ville de Lyon, page ao8. ( 3 ) Voyez le journal de Lyon et des Prorince* de la Généralité, na s , a l janvier 1780 ; et le Journal de Lyon et du M i d i , du i 5 nivôse an X ; et les Tablettes historiques et littéraires de L y o n , a " 16 et 18. (4) Histoire véritable de la ville de Lyon , pag; a n . (5) Voye» Mémoire» de l'Histoire de L y o n , par Paradin , pages 84-85.