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 et si continuelle, qu'il semblait que le déluge de Noé fut de retour, 11
 plut vingt jours de suite. On eut dit que toutes les bondes et cataractes
 du ciel étaient lâchées. Toutes les terres labourables et autres, en pays
 plat, ressemblaient à une mer, et l'on ne put faire aucunes semailles. Le
 Rhône et la Saône furent tellement enflés, qu'oubliant leur mare et ca-
 naux , ils couvrirent cette partie de la cité de Lyon qui se trouve entre les
 deux rivières, de telle sorte qu'il fallût que le peuple , habitant en ces en-
 droits, se sauvât à Fourvières, Saint-Juslj Saint-Sébastien et autres lieux
 par les collines. Tous abandonnèrent leur bien à la miséricorde des eaux qui
 flottaient pardessus les ponts, e t , en quelques endroits , pardessus les mai-
 sons basses. Et l'on pouvait dire que les poissons nageaient sur les saules et
 plusieurs autres arbres où les oiseaux se soûlaient percher. Les bateaux
étaient conduits parmi les rues , comme par le fil de l'eau , et les bateliers
entraient dans les maisons par les fenêtres. Ce ravagé d'eau fut si violent que
les murailles de la cité, qui touchaient la partie du Rhône et de la Saône,
furent ruées par terre, quoiqu'elles fussent de forte matière. Je laisse à pen-
ser si les maisons eurent à souffrir. Lorsque les eaux furent retirées, on
trouva les caves et les maisons si pleines de vase et de boue, qu'on ne les
pouvait vider, si non avec frais inestimables.
   A ce récit, qu'on peut taxer d'exagération, défaut ordinaire de Paradin,
se trouvent joints des détails sur d'autres calamités dont la Gaule fut alors
affligée. Leur singularité et leur invraisemblance accusent singulièrement la
naïve crédulité de l'auteur, si elles ne font pas douter de sa bonne foi.

                                     1196.
  Six siècles après, une pluie presque continuelle pendant deux mois amena
une nouvelle inondation et fit les mêmes ravages. Ce fut la cause d'une sus-
pension d'hostilités entre Richard Cœur-de-Lion et Philippe-Auguste.

                                     1408.
  Des lettres patentes données à cette époque par Charles V constatent les
désastres causés par un débordement, dans lequel plus de deux cents mai-
sons, sises entre les deux rivières, furent renversées, soit par les glaces, soit
par la forte crue des eaux. Ces lettres accordent aux Lyonnais, pendant
quatre années, une exemption du tiers des droits d'aides à titre d'indemnité.

                                     1476.
  Une inondation emporta celte année une arcade du pont du Rhôiie, et
causa de grands ravages. Louis XI, qui revenait du Dauplùué, ne put pas