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    —Un jour M. Ampère sortait devenez lui, rêvant et méditant ;
il s'approclie de la muraille et se préparait à satisfaire un be-
soin. Une grosse voix lui Crie : «Allez plus loin! » Il court à
cinquante pas, sans se retourner; l à , même disposition,
même cri. Il se sauve de nouveau, il retrouve encore le même
obstacle : la voix fatale le poursuit et le pousse sans cesse :
« Allez plus loin ! » Ces paroles retentissaient à ses oreilles,
comme celles qui désolaient Ahasvérus : marche! marche] Il
fit ainsi une lieue dans la plus terrible de toutes les tortures;
arrivé enfin au collège de France, il n'entend plus la voix
redoutable, mais derrière lui résonne un long et joyeux éclat
de rire, il se retourne et il reconnaît son collègue G          L
qui lui répète : « Allez plus loin! » et qui le persécutait ainsi
depuis plus d'une heure. Pauvre M. Ampère!
    -*-M. de Fonlanes avait invité à dîner tout le corps universi-
 taire. M. Ampère en faisait partie ; il imagina d'aller à ce repas
 d'apparat, en costume d'académicien, l'épée au côté. Arrivé
 chez le grand-maître de l'Université , il s'aperçoit qu'il est le
 seul portant la brette. Une idée lui vient, c'est de cacher son
 épée sous les coussins d'un canapé ; il la détache donc à petit
 bruit et la glisse mystérieusement dans cet asile.
    Après le dîner on vint au salon, M. de Fontanes s'était re-
 tiré dans son cabinet et avait laissé à sa femme le soin de
 faire les honneurs de sa maison. Mme de Fontanes se plaça
 sur le fatal canapé. La soirée s'avançait, les convives se re-
 tiraient un à un ; M. Ampère seul restait, il ne voulait pas sortir
 sans son épée. Mais comment la reprendre : MmE de Fontanes
 était assise surles coussins quî la couvraient ? Il était au supplice.
    La conversation languissait ; malgré ses efforts pour l'en-
 tretenir, Mme de Fontanes s'endormit. Alors M. Ampère se
 lève et s'avance sur la pointe des pieds, il arrive jusqu'au ca-
  napé, il cherche à tâtons, il saisit la poignée de son épée, il
 tire à lui... 0 fatalité! la lame seule se montre, le fourreau est
  resté retenu par la pression.
     Le mouvement brusque de M. Ampère réveille Mme de
  Fontanes; elle voit devant elle un homme, l'épée nue Ã