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535 de la reconnaissance et de la mort? quel besoin si pressant en appelait la translation ? Allez les voir pourtant sous les portiques de l'Ecole Vé- térinaire dont elles dallent maintenant les trottoirs; entendez- les retentir sous la botte du jeune élève qui frappe du pied, sans le savoir peut-être , la pierre qui recouvrait son aïeul, cette pierre où la main d'un fils avait écrit : CI-GIT MON PÈRE, QU'IL REPOSE F,N PAIX! C'est là , qu'en 1836 , on les a transportées, taillées, ali- gnées, et personne n'a réclamé ! aucune voix ne s'est fait en- tendre ! Oh ! vraiment, les morts seraient-ils de trop chez nous ; leur culte serail-il une chimère , ou leur mémoire, une risée ? Et qu'on ne dise pas qu'il n'y avait là que des noms obscurs ; ce serait une insulte auxMoyron, aux GroUier, aux Scarron , et à tant d'autres personnages non moins recom- mandables. Après tout, ce n'est pas l'éclat d'une épitaphe , c'est la pensée de l'immortalité qui consacre la tombe. Si nous oublions nos pères (chose, hélas! trop commune), du moins ne faudrait-il pas disputer à leurs cendres un modeste et dernier abri! Espérons que tôt ou tard on reviendra sur un acte d'une parcimonie , selon nous , peu digne et mal entendue ; à moins toutefois , car alors c'eût été sage prévoyance , culte des souvenirs, respect des tombeaux, à moins que cette translation ne fût le prélude d'une démolition que le temps n'%déjà que trop avancée. Le temps! il y a des ruines qu'il a faites , dit un écrivain célèbre, et qu'il ne relèvera jamais. Cet anathème pèsera-t-il sur l'Observance? Nous ne le saurions penser. Ce qui enhar- dit nos espérances, c'est l'étonnante conservation de ce mo- nument après tant d'orages, de revers et de profanations ; c'est le refus de l'administration municipale d'enlever les