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de la reconnaissance et de la mort? quel besoin si pressant
en appelait la translation ?
   Allez les voir pourtant sous les portiques de l'Ecole Vé-
térinaire dont elles dallent maintenant les trottoirs; entendez-
les retentir sous la botte du jeune élève qui frappe du pied,
sans le savoir peut-être , la pierre qui recouvrait son aïeul,
cette pierre où la main d'un fils avait écrit :

                    CI-GIT MON PÈRE,
                 QU'IL REPOSE F,N PAIX!

    C'est là, qu'en 1836 , on les a transportées, taillées, ali-
 gnées, et personne n'a réclamé ! aucune voix ne s'est fait en-
tendre ! Oh ! vraiment, les morts seraient-ils de trop chez
nous ; leur culte serail-il une chimère , ou leur mémoire, une
risée ? Et qu'on ne dise pas qu'il n'y avait là que des noms
obscurs ; ce serait une insulte auxMoyron, aux GroUier, aux
Scarron , et à tant d'autres personnages non moins recom-
mandables. Après tout, ce n'est pas l'éclat d'une épitaphe ,
c'est la pensée de l'immortalité qui consacre la tombe. Si nous
 oublions nos pères (chose, hélas! trop commune), du
 moins ne faudrait-il pas disputer à leurs cendres un modeste
 et dernier abri!
    Espérons que tôt ou tard on reviendra sur un acte d'une
parcimonie , selon nous , peu digne et mal entendue ; à
moins toutefois , car alors c'eût été sage prévoyance , culte
des souvenirs, respect des tombeaux, à moins que cette
translation ne fût le prélude d'une démolition que le temps
 n'%déjà que trop avancée.
    Le temps! il y a des ruines qu'il a faites , dit un écrivain
 célèbre, et qu'il ne relèvera jamais. Cet anathème pèsera-t-il
sur l'Observance? Nous ne le saurions penser. Ce qui enhar-
 dit nos espérances, c'est l'étonnante conservation de ce mo-
 nument après tant d'orages, de revers et de profanations ;
 c'est le refus de l'administration municipale d'enlever les