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   Une mauvaise porte s'ouvre. Nouveau contraste ! Quelle
grâce ! quelle dévastation dans ces voûtes , si violemment dé-
pouillées de leurs blasons, ornements obligés de nos anti-
ques lambris S quelle vive lumière jaillit de-ces ogives si déli-
cates! quel ignoble encombrement dans cette enceinte! Seule
et attachée aux parois de la muraille , à droite , une chaire
de stuc, du plus mauvais goût, s'offre en saillie, avec son
lourd escalier , et blesse les regards, qui se reportent d'eux-
mêmes vers les fenêtres élancées du chœur et les restes pré-
cieux de la chapelle des Lucquois.
   Point d'autel ( 1 ) , on n'en voit aucun dans l'église ; mais le
décor principal subsiste en entier. Pas un feuillage n'a été
brisé, pas un modillon détruit. Ces belles colonnes, qu'un
vœu barbare avait tenté vainement d'arracher du temple (2) ,
n'attendent aujourd'hui que la main de l'artiste pour resplen-
dir de leur ancien éclat. Au-dehors , et sous le toit qui s'af-
faisse, et parmi tant de ruines qui désolent, le temps , com-
me par une ironie amère, a laissé subsister ces mots , écrits
en grossiers caractères :



                      A PERPÉTUITÉ !


   Qu'est-ce donc que les œuvres de l'homme ici-bas ? Et
ses œuvres pourtant lui survivent des siècles!
  Dans la chapelle de la Vierge , il ne reste qu'une niche ,
monument de transition , et une fenêtre admirablement ner-

    (1) L'aulel principal de l'Observance est devenu Je maître autel de l'é-
glise de St-Paul, sur le territoire de laquelle se trouve aujourd'hui le vieux
couvent. Le bas-relief, qui représente David enlevant du temple les pains
de proposition , est d'une assez habile main.
   (2) M. Cochard , Guide du Voyageur à Lyon, art. Pépinière.