page suivante »
330 Une mauvaise porte s'ouvre. Nouveau contraste ! Quelle grâce ! quelle dévastation dans ces voûtes , si violemment dé- pouillées de leurs blasons, ornements obligés de nos anti- ques lambris S quelle vive lumière jaillit de-ces ogives si déli- cates! quel ignoble encombrement dans cette enceinte! Seule et attachée aux parois de la muraille , à droite , une chaire de stuc, du plus mauvais goût, s'offre en saillie, avec son lourd escalier , et blesse les regards, qui se reportent d'eux- mêmes vers les fenêtres élancées du chœur et les restes pré- cieux de la chapelle des Lucquois. Point d'autel ( 1 ) , on n'en voit aucun dans l'église ; mais le décor principal subsiste en entier. Pas un feuillage n'a été brisé, pas un modillon détruit. Ces belles colonnes, qu'un vœu barbare avait tenté vainement d'arracher du temple (2) , n'attendent aujourd'hui que la main de l'artiste pour resplen- dir de leur ancien éclat. Au-dehors , et sous le toit qui s'af- faisse, et parmi tant de ruines qui désolent, le temps , com- me par une ironie amère, a laissé subsister ces mots , écrits en grossiers caractères : A PERPÉTUITÉ ! Qu'est-ce donc que les œuvres de l'homme ici-bas ? Et ses œuvres pourtant lui survivent des siècles! Dans la chapelle de la Vierge , il ne reste qu'une niche , monument de transition , et une fenêtre admirablement ner- (1) L'aulel principal de l'Observance est devenu Je maître autel de l'é- glise de St-Paul, sur le territoire de laquelle se trouve aujourd'hui le vieux couvent. Le bas-relief, qui représente David enlevant du temple les pains de proposition , est d'une assez habile main. (2) M. Cochard , Guide du Voyageur à Lyon, art. Pépinière.