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grands pécheurs. Paris admira surtout les effets de son zèle
dans la conversion d'un grand nombre de filles de mauvaise
vie qui renoncèrent à la corruption du siècle et embrassè-
rent les austérités de la pénitence et de la vie religieuse. Il
fonda, ponr e l l e s , un monastère en 1492 (1). Louis d'Or-
léans, depuis Louis X I I , leur donna son hôtel d'Orléans
pour le convertir en une maison de filles repenties. Charles
VIII coopéra sans doute largement à leur dotation , puisque
dans les statuts , donnés par Jean Simon , évêque de Paris,
le prince est nommé leur fondateur. Ces statuts les soumet-
taient sagement à la juridiction de l'ordinaire et les enga-
geaient sous la règle de saint Augustin. Elles étaient pour
lors au nombre de deux cenls. Magnifique conquête de la
grâce et du zèle ! Dans un poème sur les ordres religieux,
MODIUS dit qu'elles portaient le voile b l a n c , non comme une
emblème de l'innocence qu'elles avaient scandaleusement
perdue , mais comme un symbole de la pureté reconquise
p a r l e s larmes du repentir et le sang de l'Agneau sans tache.
Cette communauté formait un ordre régulier (2). Elles dçmeu-

   (1) L'auteur des Mémoires manuscrits cite plusieurs auteurs qui attestent
que Jean Tisserand est le premier qui ait fondé en France une maison de
Repenties. C'est une erreur démentie par la vie toute apostolique du fameux
Robert d'Arbrissel, fondateur , au '12e siècle , du monastère de Fontevrault.
« Cet homme , qui avait paru avec éclat aux Universités, et qui aurait pu
briller par la science et par la dialectique , se sentit pris d'affection pour
celte pauvre société souillée de vices      Il avait , ce saint prêtre   , une
grâce toute particulière pour la conversion de ces êtres faibles et égarés ; et
l'Eglise a sanctionné ce spécial éloge que lui donna l'épiscopat contemporain,
en lui prodiguant les noms de pasteur des vierges, de consolateur des femmes
désolées, de guide de celles qui ont erri
   «A Fontevrault, une enceinte isolée loin de la vue des hommes, renfermait
des fdles repenties qui expiaient, dans le travail et les larmes, les désordres
de leur vie coupable ; une autre gardait celles que leur beauté , leur âge ,
leur abandon , auraient exposées au péril de la séduction. » ( P. Douhaire ,
Revue Européenne , 1853 , t. 2 , p. 455.)
  (2) Volalerr. Anlropol. liv. II.