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313 « Mon fils bien a i m é , « Salut et bénédiction apostolique. « Le devoir de notre office pastoral et le talent qui nous a été confié nous obligent d'écrire au roi très-chrétien ce que vous verrez dans le double cy inclus que nous vous envo- yons pour vous instruire du fait, vous ordonnant néanmoins par la vertu de la sainte obéissance de ne le communiquer à personne et de ne point faire connoître que nous vous l'a- vons envoyé. Nous voulons néanmoins et vous enjoignons de rendre notre bref cy attaché au roy et de l'avertir, en notre n o m , que s'il veut être en s û r e t é , avoir d'heureux succès et plaire à Dieu , il évite les prévaricateurs de la vérité et ceux qui, par un esprit d'apostasie, cherchent à semer la dissension dans l'église de Dieu ; qu'il fuye Jean Rely (1) homme dont la bouche et les lèvres sont souillées par le b l a s p h è m e , et que nous croyons plus propre à être le ministre de la confusion, que de la confession. Vous ferez à cet égard, selon votre prudence et votre zèle pour la religion ( lesquels nous sont bien connus ) , ce que vous croirez nécessaire pour l'honneur et le salut du r o y , afin d'empêcher qu'une si grande corrup- tion que celle qui infecte Jean Rely ne puisse communiquer quelque tache à l'ame toute pure de ce prince. En cela, vous rendrez service à Dieu, et vous ferez une chose qui nous sera très-agréable. Donné à Saint-Pierre de R o m e , sous l'anneau (1) Jean Rely, ou de Rely, natif d'Arras, d'une famille noble , ayant étu- dié la théologie, dans le collège de Navarre ou dans celui des Chollets, y fut reçu docteur et enseigna plusieurs années. Son goût pour la prédication l'entrai, na hors des écoles et lui fraya le chemin de la chaire ; son talent lui valut un canonicat dans l'église de Paris. Charles VIII le gratifia du doyenné de St- Martin de Tours. Il fut, d'une voix unanime, appelé à devenir le précepteur de son jeune roi qui en fit son confesseur. Ce maître habile n'oublia rien pour cultiver l'esprit de son élève. Il en fut le plus fidèle ami, l'accompagna dans l'expédition d'Italie, et l'assista au lit de mort le 7 Avril 1498. II ne survécut pas d'un an à son royal disciple; en 1499, il mourut à Angers. C'était, du reste, un des plus doctes prélats de l'église de France.