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    Avouons pourtant que l'estime de Charles lui fait moins
d'honneur que la confiance d'Anne de Bretagne. Charles était,
selon Comines . petit homme de corps et peu entendu. Anne , au
contraire, avait de grandes qualités; femme de mœurs austères,
d'une irréprochable vertu, la reyne Anne, dit Brantôme, es-
tait une fine bretonne et qui estoit fort allière à l'endroit de
ses égaux... elle estoit sage, honnesle et bien disante et de fort
gentil et subtil esprit. Charles était peu capable de l'apprécier;
son second mari, Louis XII, qui souffrait de son humeur impé-
rieuse , faible époux, mais excellent r o i , Louis XII lui r e n -
dait une espèce de culte. Ce n'était donc pas une mince gloire
pour notre bon religieux d'avoir obtenu la confiance d'une
princesse si pénétrante et si fière.
    Son affection pour le P. Bourgeois avait aussi, nous l'avoue-
rons , sa source plus haut que le mérite personnel du saint
homme ; il était disciple et disciple réformé de François d'As-
 sise, et Anne avait reçu de son père François I I , l'exemple
d'une tendre dévotion pour ce grand patriarche. Il en devait
rejaillir quelque faveur sur ses enfants. Le dernier duc de
Bretagne avait entouré son écu du cordon de François d'As-
sise; il avait même établi une espèce d'ordre de chevalerie du
 cordon de St-François.
     Anne , devenue reine , imita cet exemple. Après la mort de
 Charles, elle mit autour de l'écu de ses a r m e s , un long
 filet à plusieurs n œ u d s , en forme de cordon. Elle institua,
 pour les d a m e s , un ordre de la cordelière. Dans la guerre
 que Louis XII eut à soutenir contre l'Angleterre, elle fit cons-
 truire et a r m e r , à ses frais , un grand navire, à qui elle donna
 également le nom de cordelière.
     Puis une marque d'estime plus haute et plus solennelle
 encore fut le bref confidentiel qu'il reçut du pape Innocent VIII,
 bref daté du 27 mars 1492 , et dont l'original que nous n'a-
 vons pu retrouver, était demeuré aux archives de l'Obser-
 vance. En voici la traduction telle que nous la trouvons dans
 les Mémoires de la province de St-Bonaventur~e :