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 Lucquois. Elevée au moment de l'occupation des huguenots,
 eût-elle échappée à leur sacrilège vandalisme ?
    Les riches négociants étrangers, domiciliés à Lyon, avaient,
 chacun pour leur nation, un sanctuaire favori, qu'ils en-
 richissaient des exemples de leur foi, de la magnificence de
 leurs dons, de leurs dépouilles et de leurs tombeaux. Qu'y
 avait-il de mieux décoré, par exemple, que la chapelle de
 Gadagne aux Jacobins ? Les négociants de Lucques, et en
 particulier les Bonvisi, jetèrent les yeux sur l'église de No-
tre-Dame-des-Anges (1), et grâce à leur munificence presque
royale, l'Observance reçutleplus beau de ses ornements. Ils
construisirent à leurs frais la chapelle qui est la première
 et la plus voisine du chœur.
    Nos écrivains lyonnais en ont fait de pompeuses descrip-
tions ; ils ont dit, sans attacher pourtant beaucoup de
confiance à cette opinion, que le dessin en est dû au célè-
bre Michel-Ange ; mais , en vérité, rien ne révèle ici la main
de cet immortel génie,
   L'autel était remarquable , et, s'il en faut croire Golnitz ,
une peinture délicate en relevait encore le prix. La décora-
tion intérieure de la chapelle consistait en quatre massifs pla-
cés aux quatre angles et formés par autant de colonnes de mar-
bre noir d'un galbe parfait, de 12 pieds de hauteur, transpor-
tées à grands frais d'Italie , au dire de Fodéré , Golnitz , et
en regard de chaque colonne deux larges pilastres cannelés,
de pierre de Tournus. Les corniches et l'architecture étaient
richement travaillées ; on y avait disposé, avec plus de ri-
chesse peut-être que de pureté, les modillons , les oves,
denticules, raies de cœur, le tout d'ordre corinthien. Une
grande fenêtre carrée fut ouverte sur la Saône; une barrière


  (1) Avant la construction de cette chapelle , ils choisissaient assez ordi-
nairement pour leur sépulture l'église des Augustins, qui fut démolie en
1755. Dans ses Nouv. Melang., M. Breghot cite dix inscriptions tumulaires de.
lucquois, domiciliés à Lyon. (V. p. 597 et suiv.)