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286 Lucquois. Elevée au moment de l'occupation des huguenots, eût-elle échappée à leur sacrilège vandalisme ? Les riches négociants étrangers, domiciliés à Lyon, avaient, chacun pour leur nation, un sanctuaire favori, qu'ils en- richissaient des exemples de leur foi, de la magnificence de leurs dons, de leurs dépouilles et de leurs tombeaux. Qu'y avait-il de mieux décoré, par exemple, que la chapelle de Gadagne aux Jacobins ? Les négociants de Lucques, et en particulier les Bonvisi, jetèrent les yeux sur l'église de No- tre-Dame-des-Anges (1), et grâce à leur munificence presque royale, l'Observance reçutleplus beau de ses ornements. Ils construisirent à leurs frais la chapelle qui est la première et la plus voisine du chœur. Nos écrivains lyonnais en ont fait de pompeuses descrip- tions ; ils ont dit, sans attacher pourtant beaucoup de confiance à cette opinion, que le dessin en est dû au célè- bre Michel-Ange ; mais , en vérité, rien ne révèle ici la main de cet immortel génie, L'autel était remarquable , et, s'il en faut croire Golnitz , une peinture délicate en relevait encore le prix. La décora- tion intérieure de la chapelle consistait en quatre massifs pla- cés aux quatre angles et formés par autant de colonnes de mar- bre noir d'un galbe parfait, de 12 pieds de hauteur, transpor- tées à grands frais d'Italie , au dire de Fodéré , Golnitz , et en regard de chaque colonne deux larges pilastres cannelés, de pierre de Tournus. Les corniches et l'architecture étaient richement travaillées ; on y avait disposé, avec plus de ri- chesse peut-être que de pureté, les modillons , les oves, denticules, raies de cœur, le tout d'ordre corinthien. Une grande fenêtre carrée fut ouverte sur la Saône; une barrière (1) Avant la construction de cette chapelle , ils choisissaient assez ordi- nairement pour leur sépulture l'église des Augustins, qui fut démolie en 1755. Dans ses Nouv. Melang., M. Breghot cite dix inscriptions tumulaires de. lucquois, domiciliés à Lyon. (V. p. 597 et suiv.)