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258 perpétuer son existence historique. On la connaît du moins, et des regards nombreux la recherchent et la saluent. Au contraire, tel magnifique débris d'un édifice antique, au milieu des encombrements, des distractions d'une grande cité , ne recueillera que l'indifférence, et ses décombres qui vainement résistent, demeurent obscurs, infréquentés. L'Observance est trop près de nous. Transportez à quel- ques lieues de Lyon ce paysage délicieux : ce coteau, si frais, si vert au printemps ; ce petit cloître sombre et mystérieux ; celte église svelte dont le rond-point et les nervures s'arti- culent avec tant de précision ; ce comble affaissé de la cha- pelle des Lucquois , où se dressent encore sur leur base et couronnées de leurs chapiteaux, quatre colonnes d'un marbre poudreux et terni ; ces arcs noirs , à demi-brisés , autour des quels se joue un naissant feuillage; ces ogives sans voûte et que surmontent de longues herbes pendantes ; ce clocher qui se détache si élégamment d'un massif de constructions et de ver- dure ; placez également tout cela sur les bords de la Saône, dans laquelle plongent et se dessinent tous ces aspects , tous ces contrastes, tous ces arceaux, toutes ces lignes, tous ces arbres, toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, et des carava- nes d'artistes s'y dirigeront chaque semaine ; et le crayon des jeunes Apelles et le pinceau de leurs maîtres en retraceront la physionomie , et son image tapissera nos murs , et l'his- toire sera forcée de rendre aux écrivains tous les souve- nirs qu'elle recèle, de redire sa destination primitive, ses vicissitudes diverses, ses époques de fêtes ou de deuil, de progrès ou de décadence; quels hommes abrita jadis le toit aujourd'hui solitaire ; et la poésie répandant à travers tout cela ses parfums, ses chants, ses prestiges, y placera quelqu'une de ses scènes les plus animées ; que sais-je? peut-être quelque puissant écrivain , venant à passer l à , consacrerait à ces débris une immortelle page, qui devien- drait le signal d'une prompte et somptueuse restauration. Mais l'Observance est à la porte de Lyon, à l'entrée I