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   vif i n t é r ê t , tous leurs mouvements. Malheureusement pour
   m o i , je ne comprenais leurs paroles que , grâce à la complai-
   sance d'un Genevois , qui m ê l e s traduisait en partie. Combien
   dans ce m o m e n t , je fus tenté de regretter mes jeunes années
  employées à l'étude des langues mortes ! j ' e u s s e , à cette
  heure , été prêt à échanger tout mon grec et mon latin con-
  tre quelques mots d'allemand ! — Toute la politique suisse
  fut passée en revue par les orateurs. A propos des rapports
  avec l'étranger j ils firent entendre contre la Diète et le Vo-
  rort les accents du blâme le plus sévère. Quant à la question
  i n t é r i e u r e , ils appuyèrent tous sur la nécessité de l a ' n o m i -
  nation d'une Assemblée Constituante chargée de reviser le
  Pacte F é d é r a l , et de donner à la LSuisse par plus d'unité , la
  puissance dont elle est actuellement privée comme Nation.
 L'un d e ces orateurs produisit surtout un bien grand effet.
 Il parlait des malheurs qu'entraînent les troubles civils, et se
 retournant, tout-à-coup, vers u n champ voisin , il montra
 un drap noir étendu sur la place où un citoyen suisse a été
 fusillé , comme patriote , en 1815. Une religieuse tristesse se
 peignit sur tous les visages ; p u i s , quand il eût lancé contre
 les meurtriers de ce malheureux frère , un foudroyant ana-
 thème , trois cris semblables à ceux dont j'ai déjà parlé ,
 partirent de la foule pour attester la haine qu'elle portait aux
 Tyrans et le souvenir qu'elle savait conserver à leurs victi-
m e s . — L'assemblée vota sur diverses questions qui furent
posées , et termina la séance en approuvant la rédaction d'un
appel patriotique adressé au peuple suisse. Ce dernier vote
achevé, tout le monde se retira dans le plus grand ordre.
Dix minutes après , en passant dans cette prairie , on n'eût
pas voulu croire que les passions politiques de quatre mille
individus venaient d'y être si fortement échauffées.
   Je vous ai donné , L e c t e u r s , une esquisse des diverses scè-
nes du spectacle imposant auquel, mon ami et m o i , nous as-
sistâmes à Zurich. Elle ne fut qu'imparfaite , car pour vous
-îire tout voir , tout apprécier , il eût fallu entrer dans trop