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186 s'est évadé de Ste-Pélagie! — Quoi, le Baron de Richemontï demanda son voisin. Je puis me flatter d'être de sa connais- sance. — Comment cela ? — A tel point qu'il me doit peut- être le trône qu'il a en perspective > voici le fait : Le Baron de Richemont, fils de Louis XVI, Duc de Nor- mandie, est tout simplement le fils d'un boucher d'une pe- tite ville du Bugey. Sa famille, quoique pauvre, seconda son intelligence, et lui fit faire d'assez bonnes études. Peu dis- posé à continuer l'élat de son père, il me pria de lui trouver un emploi hors de son pays, et comme il entrait dans sa dix-septième année je le plaçai chez un avoué près le tri- bunal de Trévoux. Mais il se lassa bientôt de copier des rôles, et peu de temps après il s'embarqua pour l'Amérique où l'idée de se faire roi de France lui sera sans doute venue. Pourtant il n'oublia pas son ancienne famille, un frère a reçu plusieurs fois de lui, sous le voile de l'anonyme, des dons de différentes natures, et depuis la mort de ce frère il a continué de répandre ses bienfaits sur sa veuve , connue aujourd'hui, à Lyon, dans la rue Neyret, sous le nom de veuve Perrin, qui est aussi celui de Louis XYII. Déception! me dis-je ; en me levant brusquement, que suis-je venu faire sous les tilleuls de Bellecour, et je repena sai malgré moi à cette belle soirée de printemps que j'avais perdue. Cependant il me resta la consolation de penser que ce que je venais d'entendre pourrait bien n'être qu'un conte. — Vous allez croire peut-être que je suis Louis Dix-septiste? — Nullement. — Que je suis légitimiste ? — Pas mieux. ._.-- — Que je suis Pas mieux vous dis-je. Et si par hasard l'arbre.généalogique des rois de France me tombe sous la main, je le repousse bientôt en fredonnant tout bas ces vers de Bérenger: J'ai pris goût à la république , Depuis que j'ai vu lanl de rois. Stanislas CLERC.