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 veux en finir, et pour cela j'ai chargé un avocat de Paris
 de formuler ma demande en reconnaissance d'état. Je ne
 désire ni septre, ni couronne; je n'aime pas les rois et je
 ne veux pas l'être, mais il faut qu'on me rende l'héritage et
 le nom de mes pères. Ici le Baron de Richemonl aborda
 quelques questions de haute politique dont je n'ai pas l'inten-
tion d'ennuyer mon lecteur. Je dirai seulement qu'il les discuta
dé manière à me convaincre qu'il était un homme adroit, ha-
 iile même et placé par ses connaissances assez au dessus du
vulgaire. Il me demanda ensuite si.j'étais Carbonaro; sur
ma réponse négative, il. me proposa; de m'jnitier. En effet
il m'apprit un signe au moyen duquel on peut se reconnaître
 et plusieurs mots que j'ai oubliés depuis.
    Il y avait deux heures que durait notre entretien sans que
personne l'eût interrompu, le Baron le termina par ces
mots : nous travaillons tous deux dans l'intérêt du pays ainsi
que tout bon citoyen doit le faire, nous devons donc:nous
éclairer mutuellement. Je ne demande point que vous me
révéliez les secrets politiques dont vous pouvez être dépo-
sitaire ; mais s'ils se présentaient des circonstances où mon dé-
voûment put devenir utile à la France promettez-moi de m'en
instruire. Cette phrase me fit impression dans l'état de mé-
fiance où j'étais, j« pensai qu'elle pouvait fort bien être le
résumé de celles qui l'avaient précédées, ou plutôt que tout
le reste n'avait été débile que pour masquer la proposition
qu'il me faisait en quelque sorle de l'établir mon confident.
Il a pu se Convaincre dans la suite, qne j'étais plus réservé
qu'il ne le pensait.
   Je passai la journée entière au château. L'enjouementna-
turel du Baron deRichemont, la vivacité de ses réparties,
la finesse de ses railleries, où cependant se mêlaient parfois
des expressions qu'oo-anrait pu trouver inconvenantes dans
une autre bouche que celle d'un prince, retinrent continuels
lement la gaité parmi nous. À neuf heures du soir, je quittai
mes hôtes dont je vous lais les noms ; attendu qu'ils n'ont point