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156 Les malheureux s'en revinrent triomphants du massacre £ en arrachant Gaïete du temple, ils croyaient en bannir le ca- tholicisme , en le frappant, lui enlever son plus ferme appui. Erreur!... la vérité ne meurt point avec les personnes ; elle ne tient point aux lieux, aux sanctuaires.... elle subsiste indé- pendamment d'un autel. Vainement le calvinisme établit sa chaire dans le temple vide et ensanglanté de Bonaventure ; les nefs restaient désertes où retentissaient d'éloqnentes protes- tations. Mais cette église si vaste et si commode, ils l'affec- tionnaient avec trop de préférence , pour l'abandonner avec les autres, quand, l'année suivante, ils furent contraints de se soumettre à l'autorité du roi. Ce ne fut qu'en 1564, après avoir obtenu la permission de bâtir un temple dans les fossés des Terreaux, qu'ils en remirent les clés au maréchal de La \ieuville. Encore, pour se venger de cet abandon forcé, mi- rent-ils le feu au couvent. L'incendie consuma une grande partie de l'édifice, gagna la toiture de l'église et endomma- gea tellement la voûte, qu'on craignit pour sa ruine totale. Imprudents adieux ! la cendre des monuments est prompte- ment refroidie; lés souvenirs brûlent long-temps! ! Qu'on se figure l'empressement des religieux à quitter leur exil! Imaginez-vous leur joie, leur douleur, leur inquiétude. Ils reviennent à leur berceau, mais de quelles sanglantes images il est recouvert ! que de débris amoncelés à son en- tour! L'église et le couvent ne semblent plus que de vastes ma- gasins de décombres.... Il est aisé de voir que l'ange de la mort a passé par là . Et puis ces restes vénérés de leur père ! ! une partie est devenue la proie des sectaires, l'autre aura-t-elle échappé à leur fureur? ne sera-t-elle pas enfouie pour jamais «ous tant de ruines ! A peine s'ils s'arrêtent dans le temple à considérer la chaire abattue, les autels renversés, leurs magnifiques orgues brisés , les marbres en lambeaux ; dans l'intérieur du couvent la bibliothèque dépouillée de ses livres précieux, de ses titres, de ses archives. L'œuvre de l'homme