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ils sortent des nombreuses retraites où ils s'étaient cachés sans
tropde mystère 3 se saisissent de la place de St-Nizier, alla*
quent l'hôtel de la ville.
    « Or faut noter qu'au même moment on battait l'Hôtel-de-
« Tille et l'on print les Cordeliers. qui ne feirent aucune dé-
« fense, estant encore dans leur nid comme laz et travaillez
u des veilles faites par eux jusqu'à la mynuit (1). » Avant que
ce moment fatal se fût présenté , les religieux, qui pressen-
taient l'invasion et ses tristes résultats, sachant d'ailleurs avec
quelle sacrilège impiété les réformés profanaient les reliques
des saints, avaient songé à leur dérober le plus précieux trésor
du couvent, le corps de St-Bonavenlure. Après plusieurs ex-
pédients , ils s'étaient arrêtés à celui-ci : deux d'entre eux ,
profès de l'Observance, furent choisis, Jacques As lier i et Phi-
lippe Terrier, qui, pendant la nuit, à llnsu de tous les autres,
creusèrent deux fosses profondes dans le jardin. Dans l'une,
ils déposent le tronc précieux, la chasuble du saint, les plus
riches ornements de l'église ; l'autre reçoit le buste où Anne
de Bretagne avait placé la tête du saint cardinal, son calice
 et celui jqu'on nommait le calice du roi. Chacun des pieux
fossoyeurs emporte avec soi un inventaire du dépôt confié au
sol hospitalier ; ils partent incontinent, l'un pour la Comté,
l'autre pour la Savoie. Les autres religieux attendent dans le
silence de la prière les premiers flots de l'invasion qui les me-
nace. Au moment que la grande porte de l'église est battue et
s'enfonce, le père Bonneveau court au tabernacle , enlève le
corps du Seigneur et le vase des saintes onctions. Passant par
la cuisine, il jette le vase aux flammes, et porte au père
Gaïele, alors gardien, le très saint Sacrement. Les sectaires
ne l'aperçoivent pas dans sa rapide course; et pendant que
dans l'intérieur de l'église ils se livrent à toutes leurs fureurs,

   (1) Prinse de la ville de Lyon par les Fidelles, au nom du roy, le dernier
d'avril 1562. Cette relation, écrite par un protestant, a été insérée dans le
tome treizième des Archives du département du Rhône , pag, 93 et suivantes.