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démique pour un discours sur le luxe. Un de ces Mœvlus,
dont le siècle abonde, ne manqua pas de s'écrier : Bérenger
va être bien jaloux ! Bérenger écrivit au vainqueur :
« Qui ! moi ! jaloux du prix qu'obtient ton éloquence !
« Le succès d'an ami n'est-il donc pas le mien?
« D'un sentiment si bas le vil soupçon m'offense ;
« Qni jnge ainsi mon cœur ne trahit que le sien.
« De l'émulation la vive et pure flamme
« Ennoblit nos esprits ou vainqueurs ou vaincus ;
« Mais le feu, de l'euvie anéantit dans l'ame
« Et le goût des talents, et l'amour des vertus.
« J'aime de tes discours la romaine énergie;
« J'aime ce mâle cœur sensible à la pitié ;
« J'aime à la fois la verve et ta philosophie,
« Et je ne suis jalons que de ton amitié. »
Il pensait ainsi. Et ces qualités morales, ces facultés de
l'esprit, ces trésors de l'intelligence, ces vastes connaissan-
ces littéraires, ce véritable talent poétique, beaucoup de
considération , beaucoup de renommée, n'ont pu le garantir
de la loi commune. Pour vous retracer la fin de son existence,
je laisserai p arler M. Chevrier de Corcelle, son gendre, ac-
tuellement président du tribuual civil de Bourg. Il est juste
que la piété filiale jette les premières et les dernières fleurs
sur la tombe d'un père.
« L'état de faiblesse progressive dans lequel il était tombé
depuis deux ans a fort abrégé ses derniers instants : il s'est
éteint presque subitement et sans douleur.
« La mort de sa femme lui avait donné une forte secousse.
Frappé dans le sentiment qui avait rempli sa jeunesse et do-
miné toute sa vie, ses forces physiques et morales s'altérè-
rent, il tomba dans un dépérissement, dans un oubli, dans
un détachement de tout ce qui avait fait jusqu'alors ses occu-
pations les plus chères , dont aucuns soins , aucuns secours
ne purent le relever. Nous le décidâmes à venir à Bourg au-
près de nous. Il y a vécu quinze mois , toujours bon, affec-
tueux , sensible et reconnaissant à l'excès pour les moindres