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D 115 sans apprêts, quelques vers s'échappaient de ma plume, ou venaient s'y replacer, vous me le pardonneriez peut-être, en songeant que les vers étaient le langage chéri de l'ami que nous pleurons , et que des sons cadencés réjouiraient ses mâ- nes dans la tombe où il nous attend. Je tracerai d'abord, en peu de mots, les simples événe- ments de sa vie qui a été, pour ainsi dire, toute littéraire ; je vous représenterai ensuite le tableau de ses nombreuses productions, en m'occupant des deux choses principales à considérer dans un homme de lettres : le caractère de ses ouvrages et le caractère de son talent. Je m'arrêterai, en fi- nissant , sur les qualités morales qui ont déterminé le choix de ses études et le genre de ses travaux. Un esprit aussi distin- gué que le sien peut fournir d'heureux traits pour un éloge ; mais il est plus doux encore d'en puiser une grande partie dans le coeur excellent que le ciel lui donna ; car, vous le sa- vez , Messieurs, Plein de bonté , d'esprit et de philosophie ,' t e dépit, l'amertume et la jalouse envie Ne troublèrent point son repos. Sur ses amis, sur ses rivaux Il jetait des (leurs à la ronde : Jamais un trait envenimé Ne souilla sa plume féconde , Et comme il aima tout le monde , De tout le monde il fut aimé. M. Bérenger vit le jour à Biez , auprès de Toulon. Dans la dernière édition de ses Soirées Provençales, il retrace les prin- cipaux événements de sa vie. « Je suis n é , dit-il, le 28 no- « vembre 1749 j et ma mère, Angélique Heboul Second, » mariée à Laurent Bérenger, m'amena très-jeune à Marseille, « où nous avions des parents. J'y appris de bonne heure à « lire et écrire dans les écoles ordinaires; et, à six ans , des « circonstances que j'ignore fixèrent ma famille à Toulon. J'ai « toujours cru que mes parents avaient espéré de profiter