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84 L*" était adroit, il avait affaire à l'une de ces consciences pures qui ne peuvent comprendre une bassesse ; il eut beau jeu pour se justifier, né sachant pas M1"» Lobreau à Paris, et croyant ainsi que personne ne pénétrerait le mystère de ses arrangements. Au conseil le plus prochain , M. Turgot défendit son sub- délégué avec toute la chaleur d'une âme convaincue ; et après l'éloge complet de la confiance que cet homme méritait, l'hon- nête ministre conclut par un appel à la justice du r o i , pour punir les calomniateurs. Louis XVI ^ pour toute réponse , tira vivement de sa poche les papiers que la reine lui avait remis sur cette affaire , les jeta sur la table, et tourna le dos en disant : — Je n'aime ni les fripons, ni ceux qui les soutien- nent (1). Le lendemain, la France perdit M. Turgot, Louis XVI le remplaça par M. de Clugni, et la fée Urgelîe de Lyon reprit sa baguette et son empire. Ministres et acteurs ont leurs déboires, et mon temps d'é- preuves aussi, était arrivé. Quand je quittai mon père , im- patient de voler de mes propres ailes, je crus que je trouve* rais partout la même indulgence ; mais combien je fus cruel- lement désabusé ! que de désagréments à dévorer à mesure que j'avançai dans mes essais, que je pourrais appeler à la rigueur un dur apprentissage. J'avais chaussé le brodequin espérant ne marcher que sur des roses ; hélas! un certain jour il ne me garantit guère des (1) Ce rapprochement d'une anecdote de théâtre et d'un fait historique est fort curieux sans doute; mais tout cela prouve moins contre Turgot que con- tre Louis XVI. On peut être grand ministre et se laisser duper par un fripoa snbâlterne. La faiblesse du grief prouverait combien il était difficile d'en trou- ver de véritables contre un tel homme. Après ce renvoi, le vertueux Male- «herbes donna sa démission ; « Je n'ai plus que faire ici, dit-il. » On trouve dans ce peude mots là plus belle applogie du ministre en disgrâce. {Noté de l'Editeur.)