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Dise au monde effrayé que tu combats pour nous,
Et que nos oppresseurs, expirant sur nos plages,
           Te reconnaissent à nos coups !
Les cruels! tes clartés qu'ils avaient profanées,
     Ils les croyaient éteintes sous nos pleurs ;
Mais tandis qu'ils frappaient nos têtes inclinées ,
En les bravant encore tu veillais dans nos cœurs.
Déploie autour de nous ton aile étincelante ,
Que tes feux sous nos pas jaillissent immortels,
Et dévorent ces dieux , dont la foule insolente
Usurpe en blasphémant ton glaive et tes autels !
0 Grully ! puisse un jour ta cime révérée ,
S'élever et d'amour et de gloire entourée !
Puisse le voyageur, entraîné sur les flots,
Saluer, en passant, l'ombre de tes héros !
D'une larme pieuse, adoraut ton rivage,
Qu'il sente naître en lui l'horreur de l'esclavage !
           Ah ! puisse à ton noble aspect,
Mon nom s'unir au tien sur sa lèvre attendrie ,
Et puisses-tu le voir, ému d'un saint respect,
S'incliner en disant : « IL AIMA SA PATBIE! »
Mais quelles voix soudain vont montant sur lesflols?
N'ai-je point entendu s'éveiller une lyre ,
Et le souffle du soir mêler des chants nouveaux
Au murmure lointain de l'onde qui soupire ?...
   { Ranz des vaches et chants joyeux de l'autre côté du lac. )

Pourquoi là bas tout devient-il transports ?
     De nos tyrans, voluptueux caprice ,
Quelles fêtes, 6 lac ! importunent tes bords,
          Toi que le ciel lit mon complice ?
C'est Gésier !.... Lui !   Ma haine a reconnu sa voix
Le crime a ses dégoûts, le fer pèse, et parfois
A son ennui superbe il faut de l'allégresse
Gésier se fait joyeux... Qu'un peuple entier s'empresse !
           Allons ! des danses, des chansons,
Du sistre pastoral animez les doux sons !
           Chantez pour égayer vos maîtres !
           Foulez, au bruit des chalumeaux,
           La poussière de vos ancêtres ,
           Qui trésaillent sous leurs tombeaux !
           De vos tyrans, filles des braves,
           Venez disputer les faveurs ;
           Vierges, couronnez-vous de fleurs ;
           Votre sein leur doit des esclaves !
Oh! la honte, pour vous, me dévore le sein !
Tandis que la terreur vous condamne à la joie ,
Cet œil qui vous sourit déjà marque la proie ,
Dont il réjouira son réveil de demain...