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 que de tels jeux ne voût bien qu'aux jeunes années du poète ;
 qu'avec la robe virile, il reçoit l'investiture d'une mission
plus sérieuse et plus noble. Aussi ce nouveau volume ren-
ferme-t-il plusieurs pièces écrites sous l'inspiration d'une
pensée plus large et plus vigoureuse. Le Proscrit, le Soldat
de Russie, la Pologne en France, attestent dans les études de
l'auteur un progrès que la citation suivante fera, mieux que
nos paroles , apprécier du lecteur :
                             Le château de Vincennes, (21 mars 1804.)

        « Il est un drame horrible , une lugubre scène,
       Ecrits avec du sang sur les murs de Vincenne.
       La nuit, le vieux château, de son âge orgueilleux,
       Retentit de ce drame et déroule à vos yeux
       Ces tableaux pleins d'effroi, ce funèbre spectacle,
       Dont tout manoir royal fut l'impur réceptacle, .
       Vils forfaits que l'histoire inscrit en rougissant,
       Et dont l'allier donjon parle au triste passant.
       Ecoutez : Sur la terre, une nuit sans étoiles
       Avait jeté son deuil et couvert de ses voiles
       Paris, la grande ville, aux bruyantes rumeurs ;
       Le silence partout aux lointaines clameurs
       Succédait. Seulement sur les hautes tourelles
       Parfois on entendait le cri des sentinelles.

       Or, durant cette nuit, propice aux noirs desseins,
       Dans Vincennes veillaient de lâches assassins. »

 Ici le poète nous retrace, dans ses horribles détails, le
meurtre du dernier des Condé ; puis il reprend :
        « Quand le jour reparut, ivre , en habits de fête ,
       Paris insouciant, la foule satisfaite
       Appelaient par leurs cris, du soldat couronné
       Le réveil, témoignant un désir ordonné.
       Ce matin-là, César se fit long-temps attendre ,
       Il semblait à regret au triomphe se rendre.
       Vainement la clameur du grand peuple étonné
       L'appelle à son balcon de faste environné....
       César ne parait pas : son front pensif et sombre,