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   Les moissons de l'anné 1585 avaient été si mauvaises, qu'à
peine on recueillit la semence. A l'entrée de l'hiver, la di-
sette se fit sentir dans les environs d'Annonay, et bientôt un
grand nombre de personnes qui, peu de temps auparavant,
vivaient dans une heureuse aisance, se virent réduites à de-
mander l'aumône ; honteuses d'un si dur métier, beaucoup
souffrirent d'extrêmes nécessités. La cherté des aliments
fut si grande, que l'on vendit, à Annonay, vingt-quatre à
vingt-cinq livres lesetierde froment, treize à quatorze livres
le setier d'orge, et six à sept livres celui d'avoine. Le gros
pain noir coûtait deux sous neuf deuiers la livre , et celle
de pain blanc quatre sous.
   Le blé étant hors de prix, les" gens dé la campagne furent
obligés de se nourrir de glands, de racines et d'herbes sau-
vages , ou d'un pain de fougère dans lequel entraient du marc
et des pépins de raisin séchés au four et qu'on faisait moudre;
enfin de l'écorce de pin, des coquilles de noix et d'amandes,
de vieilles tuiles et briques, le tout mélangé avec quelques
poignées d'orge, d'avoine et de son. Les habitants d'Annonay
se distinguèrent en cette occasion par leurs soins et leur
charité envers les pauvres, qu'ils nourrirent, au nombre de
six cents, jusqu'à Pâques de l'année 1586. Malgré toutes
les précautions, un grand nombre moururent de faim ou de
langueur ; ce qui fut. général dans le Tivarais.
   Ces mauvais aliments engendrèrent des fièvres chaudes
dont moururent grand nombre d'individus. Dès l'été de
l'année 1586, la peste se déclara, non-seulement dans le
"Vivarais, mais encore dans le Dauphiné, le Lyonnais et le
Forez. »
   Toutes les sources où l'auteur a puisées sont fidèlement
indiquées. Il a même reproduit le texte latin d'une foule de
pièces authentiques, et énuméré en détail les différentes
chartes et privilèges accordés à son pays. Les divisions qu'il
a adoptées dans son ouvrage sont fort commodes en ce qu'elles
reposent l'esprit du lecteur et facilitent ses recherches. Les