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S6 Qui transporte, comme dans une région à part, le lecteur initié aux devoirs , à la puissance, à là destination sublime du sacerdoce de la magistrature. « Adversaire infatigable des faiblesses, dés vices , des pas- sions de l'homme public, il les dévoile avec sagacité, il les signale avec énergie. Aucun n'échappe à son inquiète sollici- tude : la mollesse, la prévention , la légèreté , l'indifférence de ses devoirs, l'amour du luxe, l'oubli de sa dignité, épuisent tour-à -tour les accents de sa vertueuse indignation. Nulle amertume né se mêle d'ailleurs à l'excès de son zèle ; pas un trait qui sorte du cercle étroit des bienséances , rien qui dé- mente la pureté des intentions dont il est animé. Censeur aus- tère du vice, il est le panégyriste le plus éloquent de la vertu. A la peinture animée qu'il trace, du juge faible ou prévarica- teur , il a soin d'opposer celle du magistrat intègre, gardien fidèle du dépôt sacré commis à sa foi. Comme alors son style, naturellement doux et grave > s'empreint de la majestueuse simplicité dé son sujet ! Que d'éclat dans ses formes ! que de richesse et d'harmonie dans ses images! Quelle imposante idée il fait prendre de la justice et des fonctions attachées à ce redoutable sacerdoce! L'homme, même le plus étranger aux fonctions dont il retrace les devoirs, ne saurait lire sans émo- tion ni sans fruit ces admirables harangues où l'orateur répand avec tant d'autorité les maximes dont sa vie entière offrait la généreuse application. La morale qui y respire est de tous les temps et de tous les lieux : c'est le langage d'une ame noble et pure, exaltée par la religion et le sentiment le plus indéfini de la dignité humaine ; c'est l'éloquence même, inspirée par la sagesse ; et ces discours, remplis de vérités applicables à la plupart des conditions de la vie sociale, sont demeurés en quelque sorte l'indispensable manuel, je ne dirai pas seule- ment de tout homme public, mais de tout homme de bien. » Les deux dernières parties de l'ouvrage sont consacrées à l'histoire politique de la vie de d'Aguesseau* La résistance du