Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                35
 qui bien souvent nons a ravi par la vigueur de son talent
 et la profonde sentimentalité de sa nature artistique, nous
prêta son secours, et nous connûmes dès-lors les concertos
de Beethoven, et ceux pour le moins aussi beaux de Weber.
Nos têtes d'emploi étaient remplies par des artistes distin-
gués ; MM. Donjon, Lefebvre, plus lard, George Hainl et
Luigini nous secondaient dans nos efforts. Chose étrange!
nous exécutions les concertos de Beethoven qu'on ne les
connaissait point encore aux concerts du Conservatoire!
Lyon , cette ville si dénigrée en fait d'art, mise au ban par les
préventions centralisatrices de la capitale, Lyon avait devancé
ses maîtres, et grâce au zèle infatigable de madame M....,
et à celui non moins louable et non moins soutenu de l'ami
qui nous recevait chez l u i , nous avions dérobé ces trésors à
l'Allemagne, avant que le public fashionable et dédaigneux
des dilettanti parisiens se fussent doutés de leur existence !
    Nous eûmes un succès de vogue. Nos concerts hebdoma-
 daires commencés dans la solitude la plus absolue, se peu-
plèrent d'amateurs nombreux. Les dames y sollicitèrent des
 places. Ce fut une faveur spéciale d'abord, et bientôt il y eut
foule. Il fut du bon ton d'y avoir assisté, on y vint en toilette;
 et musiciens du non, tous voulurent y être admis.
    Mais alors que nos soirées devenaient plus courues et notre
exécution plus parfaite, la mort vint violemment nous enlever
un de nos plus précieux soutiens. Depuis, nos réunions
furent tristes ; la place laissée vide était toujours là non rem-
plie , et chacun se demandait pourquoi lui si jeune et si fort,
pourquoi lui si plein d'avenir était parti le premier !
   Le premier ! oh ! c'était bien cela ! car peu de mois s'étaient
écoulés que la même main invisible en frappait un second ,
fort aussi, jeune aussi, riche aussi de santé, d'avenir et
d'espérances! que quelques secondes suffisaient pour l'en-
lever brusquement à ce monde où il avait tant d'amis, à ces
arts qu'il chérissait et qu'il protégeait avec tant de zèle et
de noblesse! Car peu de mois s'écoulèrent encore, et le