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460 LA REVUE LYONNAISE d'anciens poèmes inédits, demeurés oubliés, pendant des siècles, dans nos archives ou nos bibliothèques publiques. Au nombre de ces productions des siècles passés, les NoëJs tiennent une large place. Mais il faut se garder de croire que ce nom désigne toujours ces chants pieux et naïfs, par lesquels nos pères aimaient à fêter le retour de l'une des plus grandes solen- nités religieuses de l'année. Souvent aussi, il s'applique à des chants satiriques où sont passés en revue, sous une forme vive et imagée, les vices et les abus de l'époque, aussi bien que les travers de certaines classes delà société. C'est dans cette dernière catégorie qu'il faut ranger le Noël satirique, que vient de publier Nizier du Puitspelu, en un beau volume grand in-8°, imprimé chez Storck avec une rare élégance. Ce Noël se compose de cinquante-sept couplets renfermant chacun un trait satirique à l'adresse des divers ordres religieux qui exis- taient autrefois dans notre ville. De là , à certains indices, on a cru reconnaître la verve maligne du chirurgien Laurès, le spirituel auteur du Supplément des Lyonnais dignes de mémoire, parodie si bien réussie de l'œuvre de Pernetti. Pourtant aucune preuve certaine ne vient confirmer cette attribution, et il faut se résigner encore aujourd'hui à ignorer le nom de son auteur. Nizier du Puits- pelu a été plus heureux dans la recherche de la date véritable de cette pièce satirique. D'ingénieuses observations lui ont permis de la reporter à l'année 1723, encore bien qu'elle porte sur le manus- crit la date de 1741. Déjà , en 1846, M. Monfalcon avait publié une première édition de ce Noël dans l'un des volumes de la collection des bibliophiles lyonnais. Mais, peu versé dans le vieux langage lyonnais, l'éditeur ne nous avait donné qu'un texte fautif et souvent inintelligible. Toute autre est la version quepublie aujourd'hui Nizier du Puitspelu. Non seulement le texte a été revu avec soin sur le manuscrit que possède le fonds Coste, non seulement chaque couplet est accom- pagné de sa traduction; mais, de plus, le nouvel éditeur a'cru devoir se livrer, sur chaque vers et presque sur chaque mot, à une étude approfondie et tout à la fois historique et philologique. Ce double travail de critique était indispensable ; car il ne suffi- sait pas de faire disparaître du texte les fautes de l'édition de 1846/