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454                         LA R E V U E L Y O N N A I S E .

 d'abord, mais bien oubliée aujourd'ui.' Du Choul habitait alors une
maison fort belle, car Strada la qualifie de magnifique et digne
d'être citée. Il y avait formé un très beau cabinet d'antiques, « et
j'y ai vu, dit Strada, grand nombre de pièces de médailles antiques
d'or, d'argent et de cuivre. » Enfin, il ajoute : « Monsieur Guil-
laume Du Choul est fort expérimenté aux histoires et à déclarer
le revers des monnayes et médailles figurées. »
    Le cabinet de l'illustre Grolier qui n'avait pas encore été trans -
 porté à Paris, fit aussi l'admiration de Jacques de Strada. « J'ay
 esté encore plus émerveillé, dit-il, et non sans cause, de l'industrie
 de M. le Thrésorier Jean Grolier, homme noble, et pour ce qu'il y
 a hamassé un nombre presque infini de pièces d'or, d'argent et
 de cuivre, petites et grandes, sans estre gâtées, dignes d'estre acca-
 parées à grands trésors. Il met aussi toute diligence d'acquérir de
 tous costés toutes sortes d'anciennes figures, tant de cuivre que de
 marbre... »
    Le célèbre architecte Sébastien Serlio fut aussi du nombre des
 artistes distingués que Strada visita souvent, pendant son séjour à
 Lyon. Serlio était né à Bologne en 1475, et mourut k Fontaine-
 bleau en 1552. Après de nombreux voyages dans les Etats de
 Venise et en Dalmatie, il fut attiré en France par François I" qui
 le nomma architecte de Fontainebleau et surintendant des bâti -
 ments de la couronne. Mais après la mort de ce prince, sa piace
 lui fut enlevée, et il se retira à Lyon où il manqua presque du
 nécessaire i. Strada en profita, et en 1550, il acheta tous les porte-

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     M. Léon Charvet a publié en 1869 une remarquable étude sur Sébastien              Serlio;
on y trouve un chapitre intitulé : Serlio à Lyon, dont je crois devoir reproduire
ici quelques passages qui se rattachent intimement au sujet que je traite dans ce livre.
Ce passage jette une vive lumière sur la position fâcheuse dans laquelle était tombé
le malheureux Serlio. C'est Strada qui la décrit dans l'épître eu tète du septième livre
des œuvres de Serlio publiées par Strada. « C'est en 1550 que je tins de Serlio, Bolonais,
son livre d'architecture. J'ai estimé qu'il était le plus beau travail qu'il ait jamais
fait, je lui achetai pour une forte somme. J'ai acheté aussi de même, son huitième
livre sur XArt de la guerre...
   « Enfin le même auteur se trouvant âgé, éprouvé parla goutte, plus encore que par les
années et las de tous ses travaux, se décida à me vendre ce qui resiait de dessins qu'il
avait tracés de sa maiu pendant sa vie ou de ceux qu'il avait collectionnés ; ainsi avec une
bonne somme d'argent je lui payai tout ce qui lui restait. Enfin, je dus partir de
Lyon, et non sans tristesse réciproque, nous prîmes congé l'un de l'un de l'autre et lui
reiourna à Fontainebleau, et là, le bon vieillard y fiait sa vie, laissant un grand nom. »