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POESIES 299
A A. R.
Partant pour le Séminaire français de Home.
Ami, puisque tu pars, puisqu'au bout du voyage
Tu reviendras changé,
Que tu vas commencer le grand pèlerinage
Dont Dieu t'avait chargé ;
Puisque ton amitié va nous être ravie,
En attendant la mort,
Que du monde et du Dieu qui t'a donné la vie,
Le monde est le moins fort ;
Va, donne à Dieu ton âme et garde pour les hommes
Un peu de ton amour.
Nous luttons dans la nuit, aveugles que nous sommes
En attendant le jour;
Mais toi, tu t'affermis à renoncer d'avance
Aux hasards du bonheur,
De ce bonheur humain qui fait notre espérance,
Souvent notre malheur...
Hélas! chacun s'obstine à vouloir la tendresse,
En attendant l'amour,
Et cette illusion qui nous revient sans cesse
Disparaît à son tour.
Nos deux âmes avaient échangé des sourires
Dans un passé joyeux...
Ah ! pars, mais souviens-toi de ce que tu déchires,
En attendant les cieux !
P A U L MARJÉTON.