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168                 LA R E V U E LYONNAISE
de points, appelle des réformes, a bien amélioré les professions li-
bérales, et mis un juste salaire à la place des pensions aux gens
de lettres, si abondantes sous Louis XIV. Il est certain toutefois
que la propriété^ intellectuelle ne permet pas la juste rémunéra-
tion de tous les travaux intellectuels : il faut que le public achète
l'Å“uvre reproduite, livre, tableau, gravure, musique, etc. Or, il
est telle œuvre qui ne serait pas achetée ; il est telle découverte,
dont tout le monde s'empare dès qu'elle est réalisée, et que per-
sonne ne paie, parce qu'elle ne se matérialise pas dans un objet
breveté : elle est purement scientifique.
    Donc, si le champ des subventions de l'État s'est limité à mesure
que la législation a été améliorée, à mesure aussi que le goût
public s'est élevé et que l'amour des belles choses s'est généralisé,
s'il est possible d'espérer que le champ se limitera encore par
suite de progrès nouveaux, il est certain que la subvention est,
dans beaucoup d'hypothèses, encore nécessaire et le sera peut-
être toujours.
    Il y a divers modes de subventions dont la variété est néces -
saire pour répondre aux nombreux besoins des hommes d'étude.
Les musées, les bibliothèques, les collections scientifiques, voilà
les subventions les plus précieuses, les plus coûteuses, les plus
difficiles, celles peut-être qui rendent le plus de services. Est-il
rien de comparable, comme enseignement pour le sculpteur, à cet
admirable Musée des Antiques qui ravit tout visiteur du Louvre ?
La sculpture, cet art si pur, si fier, si français, qui a échappé
jusqu'ici aux préoccupations mercantiles, trouve dans ces splen-
dides statues de la Grèce et de Rome, des modèles dont la per-
fection surexcite le génie. Où le peintre rencontrerait-il des inspi-
rations aussi fécondes qu'au Salon Carré, ou dans l'éblouissante
Galerie italienne? Que de labeurs la Bibliothèque Nationale ou les
Archives ont permis et facilité ! Que d'études utiles ont été faites
gratuitement par l'étudiant pauvre, par l'écrivain chargé de
famille.
    A côté des collections scientifiques, se trouvent les grands ou-
vrages, comme, par exemple, les Mémoires publiés par la société
de l'Histoire de France, dont la composition et les frais dépassent
l'initiative individuelle. Lorsque l'utilité de ces ouvrages est dé-