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96 LA REVUE LYONNAISE
Nous aurons combattu dans l'arène des forts,
Et pour la vérité donné tous nos efforts,
Et toutes nos pensées :
Nous aurons durement préparé l'avenir ;
Mais nous lui laisserons le fécond souvenir
Des batailles passées.
Tel Sophocle autrefois, sans peur et sans remord,
Atteignait la vieillesse et saluait la mort !
Fidèle à sa chimère,
Tel Hugo, parmi nous, malgré le poids des ans,
Fait retentir encor d'harmonieux accents !
Tel dut mourir Homère !
Auprès de ces grands noms, de ces noms triomphants,
Auprès de ces penseurs, nous sommes des enfants,
Nous sommes des pygmées !
Mais nous pouvons, comme eux, nourrir ta passion,
Idéal, et chercher dans ton émotion
Les hautes renommées !
II
Celui que la Beauté n'a jamais fait pâlir,
Et qui n'a point souffert de la voir avilir
Par un trafic immonde !
Celui dont le cœur froid ne s'est point enflammé,
Quand succombait un juste, et ne s'est point fermé
Aux sottises- du monde !
Celui qui s'est laissé lentement envahir
Par le mensonge lâche, et n'a point su haïr
La honte avec courage !
Celui qui, par calcul, et sans rougeur au front,
Dans la bataille humaine a supporté l'affront,
Et dévoré l'outrage !