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                  LES SUBVENTIONS ARTISTIQUES                                   173

 en France, par les prix qu'elles décernent et les missions qu'elles
donnent, récompensent et encouragent les hardis explorateurs,
dont les services ne seraient pas aussi facilement rémunérés par
les individus.
   Quels que soient les progrès accomplis en France par l'initia-
tive privée, nous sommes encore bien loin des Américains dont
l'exubérante personnalité s'affirme en tant d'entreprises hardies,
qui, malgré la réputation des Yankees, ne sont pas toujours une
prière, une invite, faite à sa Majesté le roi Dollar.
   Franklin eut le premier l'idée d'une bibliothèque publique fondée
par souscription, le vrai mode d'action de l'initiative privée en
matière de services sociaux *. Aujourd'hui les bibliothèques pu-
bliques, savantes ou populaires, pour l'homme instruit ou pour
l'ouvrier, ont pris un développement inouï, qui devrait nous faire
honte et aiguillonner l'initiative privée dans le vieux monde.
   En 1870, on a calculé que les Public Libraries, les bibliothèques
publiques, possédaient plus de dix millions de volumes 2. Et ce qui
est vrai des bibliothèques est vrai aussi des musées, des établis-
sements scientifiques, des grandes écoles, des laboratoires et
autres moyens d'encourager le développement intellectuel. L'ini-
tiative privée a une richesse, une variété, une fécondité étonnantes
et admirables3.
   Cette puissance de l'initiative en Amérique tient beaucoup au
caractère des individus, mais un peu aussi à la législation qui favo-
rise singulièrement les entreprises des citoyens par la liberté des
fondations. L'homme aime ce qui dure, surtout ce qui dure plus
que lui : il ne se dévouera pas à une œuvre, s'il ne peut espérer
qu'elle lui survivra, s'il redoute pour elle tout l'éphémère de l'exis-
tence individuelle, C'est par des souscriptions et par des legs, que
les Américains subviennent aux dépenses des institutions qu'ils
créent. Ces générosités ne se produiraient peut-être pas, si les do-
nateurs n'avaient pas l'espérance, la certitude, que l'Etat n'entra-

  1
    Mlgnet. Vie de Franklin.      Mémoire de l'Acad. des se. mor. et polit., t. Vil,
p. 315, s.
  2
    Léon Bourgeois. Les bibliothèques publiques aux Èlats-Unis, d'après des
documents officiels. Journal des économistes, avril 1878, t. 50, p. 75.
    Claudio Jannet. Les États-Unis contemporains, ch. XV, 1. I. p. 263, s.