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ROME
APRÈS LA BATAILLE DE CANNES
( 2 A O U T 2 1 0 AV. J.-C.)
A 'mon confrère et ami J. Bellanger.
« Aunibal a vaincu... Du plus pur sang romain
Numides et Gaulois ont rougi l'Apulie.
Paul-Emile est tombé, Varron fuit, et demain
La révolte sans doute armera l'Italie.
Bientôt des contingents de toutes les cités
Carthage grossira ses hordes mercenaires,
Et, maîtresse de Rome, à cent peuples domptés
Imposera ses lois et ses dieux sanguinaires. »
Voilà ce que disait, caché dans sa maison,
Après Cannes, plus d'un latin à l'âme vile,
Et, dans l'ombre, déjà , l'infâme trahison
Attendait l'ennemi pour lui vendre la ville.
Mais le Sénat veillait... Pendant que les vainqueurs
Partageaient le butin et reprenaient haleine,
A force d'énergie il releva les cœurs ;
11 limita les deuils dont la ville était pleine,
Arma les citoyens, forma des légions,
Assura les remparts contre toute surprise,
Et prévint les complots et les défections.
Le Sénat sauva Rome, et tous, dans cette crise,