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LA VILLE GALLO-ROMAINE DE BEAUCLAIR 217
récoltes. D'autres cultivateurs, superstitieux à l'excès, s'imaginent
que l'on cherche des trésors — ce qui m'est arrivé à moi-même -—•
et vous répondent qu'ils entendent garder cet or, ces richesses que
leur sol renferme.
Que faire en face d'une ignorance manifeste, d'une superstition
déplorable? L'archéologue invoquera-t- il le mobile de la science,
le désir de mettre au jour les ruines d'une antique cité; ce sont
autant d'excellentes raisons qui ne vont pas à l'oreille du rustre
des campagnes. Mais si, d'autre part, le paysan se rend compte de
l'intérêt qui s'attache à des fouilles archéologiques — ce qui est
rare, — ce sont alors des prétentions exagérées pour la vente du
moindre objet gallo-romain dont il ignore la valeur. A ses jeux,
chaque morceau de fer, chaque débris antique se transforment en
une trouvaille d'un prix exorbitant. En pareil cas, c'est là que
l'antiquaire a besoin de s'armer de patience, déclarant hautement
qn'il n'y a rien de pire que l'ignorance.
Le célèbre M. de Caumont, qui a tant fait pour nos antiquités
nationales,quiarépandu plus qu'aucun autrele goût de l'archéologie,
a écrit, quelque part, qu'il s'étonnait de trouver si peu d'archéolo-
gues disposés à fouiller les ruines. Il a constaté que, malgré les
sommes offertes par la Société française d'archéologie à des
antiquaires, presque personne ne répondait à son appel. M. de
Caumont se rendait sans doute compte des nombreuses difficultés
que rencontrent ceux qui entreprennent des fouilles; mais il eût
dû réfléchir que l'entreprise des fouilles est une opération très
délicate. Ainsi que nous l'avons dit précédemment, peu de per-
sonnes sont aptes à de semblables recherches ; ce qui explique la
rareté relative des fouilles et, par suite, des découvertes archéolo-
giques.
On voit, sur la carte de Peutinger, que les villes situées sur les
frontières y sont désignées par le nom latin de Fines. Il y en a
même qui ont conservé cette antique dénomination, telles que Fines,
station sur la route d'Auxerre à Boulogne, par Reims et Amiens
et qui est identifiée à Fismes par la Commission de la topographie
des Gaules ; Fines, que la même Commission croit (dubitativement)
le lieu de Feins sur la route de Rennes à la Rance.
Quant au lieu de Fines, qui nous occupe et que nous croyons