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                        M. MARCO MINGHETTI                           425
statue souverainement, et il parcourt ainsi la presque totalité des
services administratifs. Or, le ministre, c'estle député, et le député,
 c'est le parti politique. L'administration et les citoyens subissent
donclejougdespartis et de leurs passions.Le Conseil d'Etatn'aqu'une
juridiction contentieuse limitée. Sans doute, en matière financière,
la cour des comptes peut se refuser à l'enregistrement pur et simple
des arrêtés ministériels, mais le ministre peut en ordonner l'enre-
gistrement sous réserves, et quand il se présente au parlement, il
ne lui est pas difficile d'obtenir un bill de glorification.
    Aussi les abus grossisent peu à peu. Un nouvel impôt est-il voté?
Voulez-vous qu'il rapporte, murmurent les gens d'expérience, fer-
 mez l'oreille aux recommandations des députés. L'enquête sur la
situation des chemins de fer montre les stationnements imposés
aux trains express, grâce aux exigences de certains membres du
parlement. Il y a mieux : si on allait consulter les livres de cer-
 tains banquiers d'émissions, on verrait que la fonction de député
facilite singulièrement l'escompte des effets de commerce ; et
parmi ces effets ainsi escomptés, on pourrait en trouver qui dorment,
silencieusement ensevelis aux comptes qu'on appelle en souffrance,
mais qu'on devrait plutôt appeler comptes non exigibles. Enfin
 il y a des communes où les employés de l'octroi, véritables sattel-
littes de leurs protecteurs, laissent passer les marchandises des
frères et amis, et rétablissent l'équilibre du budget munici-
pal en appesantissant la main sur les ballots de leurs adver-
 saires.
    De tous ces maux, quelle est la cause ? Avec franchiseet perspi-
 cacité, M. Minghettiles fait dériver du régime parlementaire, parce
 qu'il est nécessairement un régime de parti. Peu ou beaucoup,
 toutes les puissances européennes qui croient au parlementarisme
 souffrent deces désordres. L'Italie plus qu'une autre y est exposée,
 en raison des révolutions qui ont constitué son unité. Les partis
 ont trouvé dans la plupart des provinces une administration formée
 à l'obéissance passive par le pouvoir absolu, et ils ont substitué
 à l'ancien leur propre despotisme. Mais cette maladie n'a-t-elle
 pas ses remèdes ? Successivement l'auteur examine s'il serait pos-
 sible de supprimer les partis dans un gouvernement bien ordonné,
 ou si, au contraire, leur influence n'est pas légitime, et s'il convient