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                       M. MARCO MINGHETTI                          427
et les partis honnêtes ne doivent différer que par leurs procédés.
M. Minghetti aurait pu ajouter qu'au nombre de leurs procédés,
ils pouvaient légitimement compter la passion ; car si l'individu
a le droit d'user de la passion comme d'une force morale, comment
en serait-il autrement d'une collection d'individus ?
    Il faut donc chercher à l'influence des partis politiques sur la
justice et sur l'administration des remèdes moins radicaux et plus
pratiques. Et on doit les trouver dans un ensemble de réformes
législatives destinées à garantir la liberté des citoyens.
    S'agit-il de rendre à la justice toute son autorité et toute son
impartalité? L'inamovibilité de la magistrature est le plus sûr
moyen. Si quelquefois la colère des partis réclame ce qu'elle appelle
une épuration (purificazione), pour faire place, sous ce prétexte,
aux avides et aux ambitieux, l'opinion a jusqu'ici toujours con-
damné, et sévèrement, de pareilles entreprises. Pour parer au
zèle trop ardent et trop complaisant des parquets, il faut donner à
leurs chefs la même garantie. Inamovibles, ils seront moins dociles.
Diminuer le nombre des juges, augmenter leur traitement, élendre
 avec prudence l'institution du jury, affermir la rigueur du code
 pénal, voilà l'œuvre la plus pressante du réformateur.
    Pour obvier aux défauts de l'administration, ^on peut choisir
 entre trois systèmes : diminuer l'action générale de l'administra-
 tion, décentraliser ou augmenter, en les facilitant, les voies de
 recours contre les actes administratifs. Les deux dernières
 méthodes sont surtout préconisées par M. Minghetti qui vou-
 drait, notamment, étendre le plus possible en matière adminis-
 trative la compétence des tribunaux judiciaires, et introduire dans
 la composition des juridictions d'exceptions quelques membres de
 la magistrature ordinaire.
     Mais la partie véritablement originale du plan de réformes pro-
 posé par l'auteur est celle où il soutient la nécesssité d'un règle-
 ment complet et impératif pour déterminer les droits et les devoirs
 des fonctionnaires, les règles de leur admission, de leur avance-
 ment, de leur retraite, de leur renvoi, de leur destitution. A l'heure
 où, en France, de bons esprits se préoccupent avec sagacité et
 générosité de la condition faite aux employés de l'Etat, les idées
  de M. Minghetti ne sont pas sans valeur. « L'école qui favo-