Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
426                   LA REVUE LYONNAISE
d'en limiter seulement l'exagération par quelques dispositions
législatives adroitement combinées.



                                   II


   M. Minghetti n'appartient pas à la secte de ces doctrinaire étroits,
qui se forgent de toutes pièces un idéal politique auquel ils en-
tendent soumettre les peuples de toutes les époques et de toutes les
latitudes. « Le temps est passé, s'écrie-t-il, où de certaines pro-
positions générales on faisait des idoles, devant lesquelles il ne restait
plus qu'à fléchir le front .. A mon avis, ce credo, défendu avec tant
de passion par les écrivains de la première moitié du siècle,
mérite d'être revu et notablement corrigé. » L'auteur, mêlé de
bonne heure aux luttes des factions, rompu à l'expérience dos
affaires, a les plus grandes affinités d'esprit avec l'école anglaise
positiviste. Pour lui, la forme du gouvernement, les systèmes
d'impôts et d'élection ne sont pas en eux-mêmes le but du citoyen.
Ce qu'il veut, ce qu'il a raison de vouloir, c'est la plus grande
somme de liberté compatible avec le bon ordre, c'est une adminis-
tration économe, impartiale, et c'est une justice égale. Or, dans
l'état actuel de la civilisation, c'est le gouvernement constitutionnel
ou parlementaire qui paraît à M. Minghetti le plus propre à satis-
faire les aspirations légitimes du citoyen. Encore faut-il observer
qu'il manque à celte forme politique, nouvellement introduite sur
le continent, la consécration du temps et de l'expérience, et qu'il
convient de l'admettre provisoirement à l'essai.
   Ce régime étant adopté, peut-on en limiter les partis, leurs
luttes, leurs violences ? Ce serait tenter l'impossible. Le véritable
homme d'Etat doit se défendre avec soin des rêves chimériques,
avec lesquels les philosophes français du dix-huitième siècle ontfait
de si beaux livres et tant de malheurs. Selon la théorie deBluntschli,
les partis ont leur utilité ; tant qu'ils ne dégénéreront pas en fac-
tions, ils font la force d|un Etat et témoignent de sa vitalité. Et ils
dégénèrent en faclions, quand ils n'ont plus pour but le bien com-
mun. Car on peut réaliser le bonheur public par diverses méthodes :