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422                  LA REVUE LYONNAISE
Chambre des députés de se réunir en comité « pour examiner cer-
taines fausses révélations qui contenaient un manque de respect a
l'adresse de l'Assemblée. »
   Cette proposition fut enterrée comme elle le méritait. Mais l'émo-
tion soulevée par le discours de M. Minghetti a été telle, que
l'honorable député a cru devoir faire paraître un livre pour expli-
quer son attitude, dévoiler le danger qu'il redoute, et rechercher
les remèdes d'une situation qui lui paraît déplorable.
    L'analyse de ce livre ne m'a pas semblé sans intérêt, moins parce
qu'il agite un problème d'une haute importance, que parce qu'il
 peut nous instruire sur la constitution de l'Italie et sur les consé-
 quences indirectes de son unité. Déjà dans son étude sur l'Etat et
 V Eglise, M. Minghetti avait courageusement entrepris d'appro-
 fondir une question brûlante. Et s'il faut en croire le jugement
 d'un éminéntpubliciste, M. L. de Laveleye, Minghetti avait écrit le
 meilleur livre qui ait été publié sur cette matière.
    Il y a donc quelque profit à résumer de pareils ouvrages, quand
 ils se rattachent si intimement à l'histoire d'un peuple voisin, et
 quand ils nous viennent d'une plume aussi sérieuse et aussi au-
 torisée.


                                   I

   Si le discours de M. Minghetti trouva tant d'écho, c'est que l'ora-
teur se faisait l'interprète de plaintes nombreuses et croissantes
que n'avait pu satisfaire l'avènement au pouvoir des groupes de la
Gauche. Dans le Diritto du 10 septembre 1877, M. de Sanctis
s'écriait déjà : « Que la majorité m'écoute bien. Si elle n'a pas
l'orgueil de son indépendance et de son incorruptibilité en se
séparant des éléments putrides dont, par aventure, elle est infectée,
elle tombera de la façon la plus honteuse : elle tombera dans la
boue devant le premier venu qui arborera, en Italie, l'étendard de
la moralité. Et cette boue salira même le visage des honnêtes gens. »
   Le 3 novembre 1879, le ministre de l'intérieur, M. Zanardelli
disait dans son discours d'Iseo : « Les députés sont souvent invinci-
blement enchaînés aux intérêts de clocher, au patronage tyrannique