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NÉCROLOGIE JOSEPH RENARD Le vieux Lyon s'en va. De cette société brillante d'érudits et d'archéologues qui a fait longtemps son lustre, combien sont encore debout?... Nous avons aujourd'hui à déplorer la mort de l'un d'entre eux et des derniers venus, M. Joseph-Marie Renard. Dans la foule recueillie qui l'accompagnait, le 15 octobre dernier, au cimetière d'Ecully, pas un qui ne se rappelât avec émotion cet aimable érudit, d'austère figure, qui avait tenu, quarante ans, sa place d'honnête homme dans la société lyonnaise. Né en 1822 d'une famille de commerçants, où le goût des arts est inné, il avait, de bonne heure, abandonné à son amour des livres les instants de loisir que les affaires lui laissaient. Il dirigeait avec son frère une importante maison de teinture d'où une grande découverte allait surgir. Les Lyonnais se souviennent de l'émotion que produisit dans le monde industriel la découverte de la fuchsine, en 1859. Cette cou- leur, remarquable par son éclat et sa magnifique puissance tincto- riale, inaugurait toute une série de matières colorantes inconnues jusqu'alors et dont l'emploi devait transformer l'art de la teinture en même temps qu'enrichir les teinturiers lyonnais. Le chimiste Verguinen était l'heureux inventeur. Mais à M. J. Renard et à son frère revient l'honneur d'avoir compris toute l'importance de la