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SOUVENIRS — 1 8 1 3 - 1 8 1 4 - 1 8 1 5 331 maître. On lira aussi avec plaisir, avec curiosité, avec tristesse peut-être, les pages qui décrivent tour à tour les fêtes données à Lyon à la duchesse d'Angou- lême, l'émotion répandue dans la ville, au retour de l'île d'Elbe, l'enthousiasme des habitants pour l'Empereur lors de sa rentrée dans sa bonne ville impériale, le départ de Napoléon au milieu de ses troupes, marchant sur Paris ; tous ces con- trastes de l'opinion, tous ces soubresauts de l'histoire sont rendus par l'écrivain avec une vivacité pleine d'adresse et avec un grand bonheur d'expression. Ces récits ne devaient pas être publiés ; beaucoup d'autres productions litté- raires de M. H.-A. Brôlemann, esquisses, fantaisies, souvenirs, où se mêlent avec beaucoup de charme la note émue et la note grave, le sentiment et le bon sens, où le trait spirituel et humoristique fait passer la maxime philosophique ou le précepte religieux, ne sont destinées qu'à sa famille et à ses amis. Son petit-fils, M. A. Brôlemann qui, pendant de longues années, a exercé avec honneur et distinction les importantes fonctions de président de la Chambre de commerce de Lyon, héritier des manuscrits de son aïeul, ainsi que des remarquables collections de missels, de tableaux, d'objets d'art qu'avait réunis M. H.-A. Brôlemann pendant sa longue carrière, a voulu consacrer la mémoire de son grand-père en faisant imprimer chez Alp.-Louis Perrin un charmant petit volume tiré à très petit nombre, opéra selecta de H.-Auguste Brôlemann, né à Lyon, le 15 septembre 1775, et mort dans la même ville, le 29 novembre 1854. M. Brôlemann a bien voulu nous permettre d'extraire de ce recueil, qui sort de presse et est à peine distribué à ses heureux destinataires, les pages qui suivent exclusivement consacrées à l'histoire de Lyon pendant la période cri- tique de 1813 à 1815. Nous lui en offrons ici nos sincères remerciements. LA RÉDACTION. L'année 1813, cette année si fatale aux armes françaises, tou- chait à son terme. L'empereur venait de perdre la bataille de Leipzig, et les armées ennemies, s'avançant à grands pas vers le Rhin, menaçaient déjà notre territoire. Appelé par mes affaires à visiter Bordeaux, Nantes et Le Havre, je regagnais mes foyers en traversant Paris. Le drapeau impérial, annonçant la présence du maître, flottait sur les Tuileries; mais tout y paraissait triste et sombre. Chaque jour annonçait de nouvelles défections parmi nos alliés; cependant