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                   L E S C H A M B R E S DE M E R V E I L L E S                   301

colline de Fourvière que, selon lui « il n'y avoit oncque assiette de
•ville plus noble, ne plus belle, ne plus utile, ne plus libre que cesty
de Lyon. » Elle lui rappelait les sites de la mère-patrie absente,
les monts des Appennins, le cours sinueux de l'Arno et les plaines
de la Toscane dont la mémoire lui était restée si chère. Dans ses
promenades solitaires, Symeoni évoquait aussi le souvenir de la
  grande cilè dont il foulait les cendres. « Taut me délecte, ajoute-
t-il, la mémoire de la grandeur du vieux Lugdunum dont la plus
 grande part estoit sur cette plaine de Fourvière, que si j'avois icy
propre ou plus commode demourance, je n'en partirois jamais, con-
 templant combien fut grande la malignité de cette destinée qui
brusla en une seule nuit, une si riche et grande cité qu'avoit esté
 cy du temps d'Auguste, Tibère, Caligula, Claudius et jusques à
 Néron, et de laquelle il ne reste, en ce lieu, autres enseignes que
 certaines piécettes de tuiles consummées, de vases, de statues bri-
 sés, de couches de terre cuite, de porphyres, de serpentines, ala-
 bastres, marbres, mosaics, voûtes par-dessous terre, fondements
de merveilleuse grandeur, les reliques de ces poures (pauvres)
 misérables aqueducs avec autres édifices, comme le palais Séna-
torum ou de Sévère, les vestiges de l'amphithéâtre sur la coste
 Saint-Sébastien, en la vigne d'Ausserre, une partie du théâtre à la
 vigne Barandeo, vers Fourvière, etc. » Telles furent les impressions
 que les sites et les ruines du vieux Lyon romain produisirent sur
 l'esprit de Syméoni et qu'il consigna dans son Voyage dans la
 Limagne d'Auvergne**. Plus tard, il écrivit son livre qui a pour
 titre Origine et antichita di Lione qu'il dédia à Emmanuel de
 Savoie, mais sans le faire imprimer 2. » Cet ouvrage, dit M. Mont-
  falcon, contient des indications qui ne se trouvent point ailleurs,

   ' Description de la Limagne d'Auvergne, eu forme de dialogue, traduit du
livre italien de Gabriel Symeoni, en langue française, par Antoine Chappuis, du
Dauphiné, àLyon, par Guillaume Roville, 1561, in-4°, 144 pages,
  2
     Le manuscrit de cet ouvrage a été conservé et se trouve aux archives de la Cour
 de Turin. Ilforme un petit volume de cent un feuillets, avec de nombreux dessins à
la plume. M. l'abbé Constauzo Gazzera voulut bien en faire faire une copie pour
 notre célèbre bibliophile Coste. La bibliothèque lyonnaise de cet infatigable collec-
tionneur ayant été acquise par la ville de Lyon, ce volume passa dans la grande
Biblothèque de la ville, et M. Montfalcon a donné une édition du texte i!alien en 184G,
dans le Bulletin des Bibliophiles      lyonnais. Il est à regretter que les dessins
 du manuscrit, très bien exécutés, soient si peu exacts.