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286                  LA REVUE LYONNAISE
 de. son tableau et qu'il me semble avoir un peu trop partagé les
 doctrines de ces philosophes du moyen âge qui allaient jusqu'à
refuser une âme à la compagne de l'homme, « car la plus sage
 femme du monde, c'est en ces termes qu'il s'exprime, au regard du
 sens, en a autant comme j'ay d'or en l'Å“il, ou comme un singe a
 de queue;.car le sens luy faut avant qu'elle soit à moitié de ce
 qu'elle veut dire ou faire. »
   , Sagement a fait notre digne auteur de garder l'anonjrme : nul
 dpute que s'il eut signé de son véritable nom : Les XV joyes de
 mariage, les honnestes dames de son temps ne lui eussent fait
 éprouver le sort d'Orphée.
    Tel est ce livre, bien rébarbatif au premier abord, pourtraictu-
 rant sous un aspect bien affreux le joug de mariage et qui
cependant n'a jamais, que je sache, empêché personne d'entrer
 dans la Nasse.
     Au reste, c'est le commun destin de la satire, plus faite pour
 amuser un instant la malignité du lecteur que pour corriger
 efficacement les mœurs.                                           ,
     On a imprimé plusieurs fois, à la suite des Quinze joyes de
 mariage,., un ouvrage de frère Guillaume Alexis, religieux
bénédictin, dans l'abbaye de Lyre, diocèse d'Evreux, puis,prieur
 de Bussy en Perche, intitulé : Le Blason ou Le Grant blason des
faulces amours. Ce religieux, surnommé le Bon Moine, a com-
posé divers autres livres. Je relaté les titres de quelques-uns
 d'entre eux, à titre de curiosité : Le débat de l'home et de la
femme, fait et composé par frère Guillaume Alexis. — Les divers
propos et joyeuses rencontres d'ung prieur etd'ung cor délier,
en matière de coq à l'asne. •— Le passe temps de tout home et
de toute femme,'— tous sujets dans le goût du temps, où la satire
a sa large part.
p La plus ancienne édition que. l'on connaisse du Blason des
faulces amours a été imprimée à Paris, par Pierre Levet, le
huitième jour de novembre de l'an 1486. Il a été souvent réim-
primé depuis, notamment à Lyon, en 1497, et tout dernièrement,
en 1867, à Genève, par J. Gay et fils.
    C'est un dialogue composé de cent vingt six stances, chacune de
douze vers, roulant sur deux rimes, et dont l'arrangement et la