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LES T A B L E A U X D'ALBERT DURER 249 Martyrs et de la copie exécutée par Christophe Amberger, la découverte due à M. Otto Corniil, de Francfort, du nom de Jobst Harrich, de Nuremberg J (mort en 1617), comme celui du copiste attitré d'Albert Durer, doivent rendre singu- lièrement circonspect en fait d'attribution. On peut signaler le Rosenkransfest de Lyon comme une très curieuse et très bonne copie d'Albert Durer, mais ne pas aller plus loin. — (Gazette des Beaux-Arts, l01'. juillet 1881, p. 97.) Les conclusions de M. Clément de Ris sont péremptoires. Le Musée de Lyon ne possède pas un original d'Albert Durer, mais il j a forte apparence qu'il s'agit d'une très bonne copie d'un ori- ginal resté en Allemagne. Cette opinion était parfaitement soutenable si l'on avait retrouvé en Allemagne le modèle indiscutable de cette prétendue copie, mais voici que la question change de direction, pour devenir beaucoup plus intéressante et délicate à résoudre, grâce à l'intervention toute sympathique d'un critique d'art fort autorisé d'au delà des Alpes, de M. 0. Berggruen, directeur de la Société de gravure, à Vienne, et de la revue die Graphischen Kùnste. Il ne s'agit plus d'une copie, mais d'une très particulière variante d'un célèbre tableau de Durer, perdu, puis retrouvé, et que possède aujourd'hui la ville de Prague sans conteste possible. Je laisse la parole à M. Berggruen, répondant à M. Clément de Ris dans la Chronique des Arts, du mois d'août 1881. J'ai lu avec un vif intérêt l'article de M. Clément de Ris sur le Musée de Lyon dans la livraison du 1 er juillet de votre gazette. L'histoire de ce tableau confirme cette opinion très judicieuse de M. Clément de Ris, à savoir' que le tableau de Lyon n'est qu'une intéressante copie d'après Durer. Le tableau original a été placé sur un autel de l'église San Bartholommeo, à Venise, qui appartenait aux Allemands. Il fut enlevé par l'empereur Rodolphe II en échange d'une grosse somme d'argent et d'un tableau de l'Annonciation, par Rottenhammer, pour rem- placer le chef-d'œuvre du maître de Nuremberg. Un vieux chroniqueur raconte que le tableau a été porté dans une caisse par quatre hommes de Venise à Prague, où se trouvait le fameux cabinet (Kuntskammer) de Rodolphe II, pour le sauve- garder contre les secousses d'une voiture. Le tableau se trouvait encore à Prague dansle château impérial à la fin du dix-huitième siècle; Joseph II avait ordonné de le transporter à Vienne, mais il s'est égaré on ne sait trop comment. Vers 1820, 1 V. la notice de M. Gh. Ephrussi, dans la Chronique du 11 décembre 1880.