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LES TABLEAUX D'ALBERT DURER 243. un glaive. Et l'on remarque une ressemblance voulue entre les traits de son visage et ceux de la princesse italienne, épouse de Maximilien, qui est agenouillée derrière la sainte, Marie Sforza, seconde femme de'l'empereur, coiffée d'une, couronne fermée, étin- celante de pierreries, serinée dans une riche cotte de velours vert, les plis de sa manche élégamment retenus au-dessous de l'épaule, à la mode du quinzième siècle, par un bracelet d'or et de brillants. L'impératrice est couronnée de roses par un séraphin qui dépose le chapel de fleurs sur la tête déjà couronnée. De nombreux personnages se pressent des deux côtés du groupe principal de cette vaste composition qui ne comprend pas moins de trente-deux personnages, dont onze appartiennent à l'ordre céleste. Derrière l'empereur, un guerrier, tête nue, à la figure énergique et fière, revêtu d'une armure ornée de lanières de cuir ou aiguil- lettes multicolores, est placé au-dessous d'un groupe de deux personnages, qui ne sont autres que le peintre Albert Durer et, et son ami Wilibald Pirkheimer. Durer est revêtu de son fameux manteau rouge à bandes noires, tel qu'on le voit dans la gravure de Kilian, avec ses cheveux roux crespelés, qui descendent en boucles rutilantes plus bas que ses épaules. Il tient à la main un cartouche sur lequel on lit ces mots qui précisent la date du tableau et un point de son histoire : Exegit quinque mestri spatio Albertus Durer Germanus. MDVI. — Au-dessous, le monogramme si connu d'Albert Durer, un D inscrit entre les branches inférieures d'un grand A au sommet carré. A ses côtés, on retrouve la bonne et large figure de son ami et compatriote Pirkheimer, pour lequel il gravera plus tard le magistral Ex-libris, dont un spécialiste anglais publiait" n,aguère une belle reproduction, premier exemplaire connu de ces marques de livres dont les, eollections sont devenues, une des. branches les plus intéressantes de la curiosité moderne. Derrière l'impératrice, une figure sévère et mâle d'homme imberbe, qui est certainement le portrait d'un magistrat ou d'un;, docteur, tenant une haste de sa main gantée, la tête ceinte du chapel de roses. Un chérubin apporte du ciel une « brassée '» de ces couronnes à l'enfant Jésus, désignant du geste et du regard