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                                 M. M A R Y L A F O N                                 205

expressions les plus caractéristiques du génie provençal. Le noel
assurément n'est pas de création récente. On le trouve sur les
lèvres des premiers troubadours. Mais Saboly lui donna sa force
populaire en y peignant au naturel le caractère provençal. Et
voilà ideux cents ans que ce pâtre de génie enrôle avec son ga-
loubet les pèlerins de Bethléem.
   L'auteur donc, après avoir longuement cité Despourrins, char-
mantpoète un peu mignard, s'attaque au dix-neuvième siècle en
énumérant Pelabon, Tandon et Diouloufet dont il cite une fable et
aborde résolument le plus populaire des troubaire, Bellot.
  Mais afin de montrer un peu d'ordre là où M, Lafon a oublié d'en
mettre, nous laisserons un instant de côté Bellot et Roumanille,
quitte à y revenir pour parler avec lui du félibrige et des félibres.
   « Passons le Rhône, nous dit-il, et nous trouvons encore un
vrai poète méridional, Peyrotte, potier à Glermont-l'Hérault. » Sa
renommée d'un jour mérite l'éloge. Deux chansons de lui : Gratias
a mous amies, citée en son entier et dont le refrain :

                           Ah ! layssa me faire mous pots,



rappelle Béranger, et cette autre chanson connue là-bas, YEscou-
bilhaire (le Balayeur) seraient au premier rang d'une anthologie
populaire. Mais qu'on ne vienne pas nous dire que « sa vie offrait
un étrange contraste avec celle du coiffeur d'Agen », pour faire
ensuite de Jasmin un « charlatan » ou « une vanité à deux pieds
sans tête 1 ». L'auteur consacre treize pages de ses Confessions et
vingt pages de son Histoire à une critique acerbe qui serait peut-
être facile à expliquer, de la part de l'auteur. Toujours est-il
que prié par Nodier son « ami » de rendre compte des Papillotos,
et tout pénétré de la difficulté qu'il avait, lui Mary Lafon, à com-
prendre les troubadours, il commença par sourire à la pensée d'un


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     V., sur ce point, l'étude de Sainte-Beuve et le passage relatif au défi « poétique »
bourgeois et pédant que Peyrottes adressa à Jasmin en 1840. Voici comment le
poète d'Agen terminait sa noble réponse : « Maintenant, disait-il, que vous connaissez
la Muse apprenez à connaître l'homme. Jamais les succès d'autrui ne m'ont empêché
de dormir. »