page suivante »
170 LA R E V U E LYONNAISE professeur, et, de plus, il est un moyen de contrôle pour le public *, Le savant est toujours un peu gêné en recevant une donation hypothéquée sur le travail à venir et qui encourage à de nouvelles œuvres. Les mécènes gouvernementaux ne sont pas infaillibles : ils auront trop de bienveillances pour l'un, pas assez pour l'autre ; leurs faiblesses et leurs indifférences seront également dangereuses. A ce point de vue, on pourrait peut-être reprocher à Louis XIY, qui a exercé une si heureuse influence par ses fondations et ses munificences d'avoir un peu trop prodigué et parfois mal placé ses pensions a . Chapelain — c'est Boileau qui l'a malicieusement • remarqué, — était le mieux rente des beaux esprits. Richelieu a été plus habile et a exercé une plus heureuse influence que Louis XIV : il aimait les lettres et a singulièrement contribué, par ses munificences, à relever la situation de l'écrivain 3. Le rôle de l'Etat a considérablement diminué, par suite des progrès de la législation, plus attentive et plus habile à définir et protéger les droits des travailleurs intellectuels. L'opinion pu- blique est devenue plus juste, à mesure qu'elle s'intéressait da- vantage aux écrivains et aux artistes : on a véritablement mis de la bonne volonté à trouver des moyens pratiques de rému- nération. Enfin la fonction de l'État a été restreinte par l'ini- tiative privée, de plus en plus capable de cette fonction vraiment sociale, qui consiste à favoriser le développement intellectuel du pays, par des subventions plus ou moins dissimulées aux ouvriers de la pensée. Diverses écoles ou laboratoires ont été fondés, ou bien une chaire a été créée, un concours établi, un système de missions scientifiques organisé. Des musées, des bibliothèques ont été ou- verts ; on a légué des objets d'art ou des livres aux établissements de l'État. Sans sortir du Louvre on trouve la belle collection d'émaux, de faïences et autres objets d'art légués par Sauvageot, 1 Stuart Mill. Principes d'Ée. polit., liv. V, ch. VI, § 15, t. II, p. 552, s. 2 V. des détails daas P. Clément. Histoire de Golbert, ch. XXVII. Bibliothèques, musées, pensions, fondalions, t. II, p. 551, s. 3 Caillet, Administration en France sous le ministère du cardinal de \Riche - lieu, ch. XV, t. II. p. 302, s.