Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                LES CHAMBRES DE MERVEILLES                          151
     Mais il est facile de constater par le tableau qui précède que la
  liste des monuments antiques dressée par le P. Ménestrier est loin
  d'être exacte. Ainsi, entre autres, on n'y voit pas figurer les
  célèbres colonnes de granit enlevées à l'autel d'Auguste, et
  que les chrétiens scièrent en deux, pour en faire les quatre
  massives colonnes qui supportent encore la coupole de l'église
  d'Ainay.
     Cette omission est surprenante surtout de la part du P. Ménes-
 trier, car personne ne connaissait mieux que lui les monuments du
  Lugdunum romain dont il a tant parlé dans son Histoire consulaire
 et surtout l'autel d'Auguste, sur lequel il a fait une si longue dis-
 sertation, maiserronnée d'un bout à l'autre, faute d'avoir connu-
 son véritable emplacement précisé depuis peu de temps seu-
 lement.
     Les temps postérieurs au P. Ménestrier ont été plus heureux
 pour les débris des monuments de l'occupation romaine. Généra-
 lement on apprit à en apprécier la valeur. On ne les a plus brisés,
 pour en faire des moellons. Si le Consulat ne leur ouvrit pas un
asile, il comprit du moins tout l'intérêt historique qui s'y attachait.
Du reste, de nombreux érudits lyonnais et étrangers montraient,
par leurs études et leurs fouilles, que ces pierres naguère si dédai-
gnées avaient une grande valeur pour les annales lyonnaises, et
les offraient à Pianello de La Valette qui en recueillit beaucoup dans
son hôtel de Bellecour: La fondation de l'Académie de Lyon, dans
les premières années du dix-huitième siècle, fut aussi un événe-
ment salutaire pour nos antiquités, car l'une de ses deux sections
se consacra spécialement à l'étude des beaux-arts et compta tou-
jours dans ses rangs des archéologues de distinction qui s'em-
pressaient de signaler à l'Académie les découvertes faites, dans
le sol lyonnais, d'anciens monuments. Ainsi, entre autres , le
5 avril 1740, le P. de Colonia annonça à ses collègues la dé-
couverte, dans le jardin des religieuses de Sainte-Claire, à
vingt-huit pieds sous terrre, d'une jambe de bronze qui paraissait
avoir fait partie de la statue colossale d'un soldat romain.
Cette statue devait avoir neuf pieds de hauteur. La jambe avait la
chaussure des soldats appelée caliga. Elle était de cuivre rouge et
pesait douze livres. Le piédestal sur lequel elle avait reposé avait