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                          MAINE DE BIRAN                            133
   nous, à l'état du mûr développement de notre vie, il se prescrit
   une méthode toute différente, il veut que la science commence par le
  commencement même de l'homme. C'est dans les ténèbres de l'or-
  ganisme, dans les recoins les plus cachés du corps qu'il croit en
  surprendre les premiers oracles. En un mot, il s'enfonce d'abord
  dans l'animalité pour saisir, comme par un sauvetage, l'homme
  qui lui échappe. Une vue qui n'est malheureusement qu'une hypo-
  thèse le guide dans cette recherche, et cette vue donne le mot de
~toute sa philosophie' : c'est que l'homme se développe par degrés
  successifs, que chacun de ces degrés offre un système complet et
  observable en soi, que la science a donc à s'arrêter, depuis l'em-
  bryon humain, à chacune de ces stations différentes. Voilà com-
  ment il distingue dans l'homme quatre systèmes qui se succèdent
  avec le cours de la vie, et où prennent place, d'une manière
 graduée, tous les faits possibles de notre nature physique, intel-
 lectuelle ou morale. Leur exposition est si compliquée que je ne
 pourrais guère me flatter de clarté et d'exactitude en cherchant
 à la reproduire dans une brève analyse. Je me bornerai à nommer
 ces quatre systèmes où Maine de Biran enferme toute la psy-
 chologie et à offrir quelques indications propres, sinon à définir
 la portée de chacun d'eux, du moins à donner un aperçu, une idée
 de leur contenu^.
    Le système affectif, le système sensitif, le système perceptif et
 le système réfiexif composent la série. Dans le système affectif, il
 n'y a encore, pour le frêle enfant porté dans le sein maternel ou
 s'éveillant à la lumière du jour, que des affections organiques,
 que' des sensations vagues et inaperçues, que des frémissements
confus et d'une vie inconsciente telle qu'elle existe dans l'animal.
Rien ne se débrouille, le moi ne paraît pas. Ce n'est que dans le
système qui vient après, le système sensitif, que la conscience
marque sa première et encore bien fugitive apparition. Alors il y
a un degré inférieur de l'effort, un effort non intentionné qui
constitue la veille, et qui unit le moi aux impressions du sys-
tème précédent. Dans cette seconde phase de l'évolution humaine,
tout.continue de n'être que crépusculaire, puisqu'il n'y a toujours
point de perception. L'attention étant absente, c'est un état de
veille très imparfaite, où les langueurs du sommeil semblent se